PAVLOV IVAN PETROVITCH (1849-1936)
Réflexe conditionnel et activité nerveuse supérieure
Pavlov précise les conditions d'apparition du réflexe dit conditionnel, qui, à la différence du réflexe inconditionnel dont l'apparition dépend de la seule présence de l'excitant absolu ou inné, dépend de la conjonction répétée d'un excitant absolu et d'un excitant neutre. Par exemple, si la présentation de la nourriture est accompagnée d'un bruit, ce bruit provoque à lui seul au bout d'un certain temps la salivation ; si le bruit n'est plus jamais accompagné de la nourriture, la salivation qu'il provoque diminue progressivement puis disparaît : c'est l'extinction du réflexe ; si la réaction de salivation est conditionnée à un son donné, on constate que des sons de fréquence voisine provoquent également la réaction : c'est ce que Pavlov appelle la généralisation.
On peut cependant obtenir que la réaction soit provoquée par le son initial, mais non par un son voisin, en faisant accompagner de l'excitant absolu le son original, mais non le son voisin. Pavlov parle de « synthèse » des excitations pour désigner le transfert de la capacité réactionnelle d'un excitant à l'autre et d'« analyse » des excitations pour désigner la différenciation. Ces deux activités constituent à ses yeux une « pensée élémentaire concrète ». Pavlov et ses élèves ont décrit les phénomènes essentiels de l'activité réflexe conditionnelle à partir du réflexe salivaire. Les recherches qui ont suivi ont confirmé ces résultats sur nombre d'autres réflexes.
Le projet essentiel de Pavlov est de faire, à travers l'étude du réflexe conditionnel, une description de l'activité nerveuse supérieure, description qui est formulée en termes d'excitation et d' inhibition. Un excitant peut provoquer un processus d'excitation ou d'inhibition au niveau cortical et l'un et l'autre peuvent s'irradier dans des zones voisines. Lorsqu'en deux points se développent des processus d'excitation d'intensité inégale (déclenchés par l'excitant absolu et l'excitant neutre), l'irradiation se produit de façon telle que les excitations issues du point faiblement excité tendent à venir se concentrer au point fortement excité. Il se crée ainsi un frayage qui fait que la réaction propre à l'excitant absolu peut être provoquée par un excitant primitivement neutre. Pour Pavlov, la liaison temporaire qui caractérise le réflexe conditionnel est une liaison entre des excitants, non une liaison entre un excitant et une réponse, comme dans la tradition behavioriste américaine.
À partir des résultats de ses recherches sur l'activité nerveuse supérieure, Pavlov développe une typologie dans laquelle il considère trois traits : l'intensité des processus d'excitation et d'inhibition, leur équilibre et leur mobilité. Un premier type d'animaux est caractérisé par un fort processus d'excitation et par un processus d'inhibition faible : ce sont des animaux agressifs. Pour une deuxième catégorie d'animaux, l'activité nerveuse est forte et équilibrée : chez certains, les processus d'excitation et d'inhibition sont très mobiles (ce sont des animaux vifs), chez d'autres, ils manifestent une certaine inertie (ce sont des tempéraments calmes). D'autres animaux enfin se caractérisent par des processus d'excitation et d'inhibition qui sont également faibles : ce sont des animaux timides, agités, instables.
Pavlov met les types nerveux en relation avec un phénomène qu'il a découvert au cours de ses recherches sur les réflexes conditionnels et qu'il appelle « névrose expérimentale » : quand on met en jeu, selon une succession rapide, des processus d'excitation et d'inhibition, par exemple en rapprochant de plus[...]
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Écrit par
- Jean-François RICHARD : professeur de psychologie à l'université de Paris-VIII
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