KIREÏEVSKI IVAN VASSILIEVITCH (1806-1856)
Né à Moscou d'une vieille famille noble, Ivan Kireïevski reçoit une forte culture littéraire et philosophique ; il allait rester très marqué par le romantisme et l'idéalisme allemands, surtout par Schelling qu'il rencontre en 1830. Tous ses efforts pour s'exprimer par la création d'une revue sont brisés par l'autocratie soupçonneuse de Nicolas Ier. Kireïevski se retire alors à la campagne. Après son mariage, en 1834, sa femme, qui a eu pour confesseur saint Séraphin de Sarov et fréquente le skite d'Optina, lui fait découvrir les Pères de l'Église. Il collabore avec les startsi d'Optina à la traduction et à la publication des œuvres des Pères. Avec lui commence à se combler l'abîme ouvert par Pierre le Grand entre la foi populaire et les convictions d'une élite occidentalisée : l'intelligence occidentale se met au service de l'expérience spirituelle et se trouve fécondée par elle. Après la mort de Nicolas Ier (1855), Kireïevski dispose enfin d'une revue pour exposer les « nouveaux principes » de sa philosophie, mais il meurt prématurément, emporté par le choléra. Il laisse d'importants Fragments, que l'on a comparés aux Pensées de Pascal.
Cet homme fervent et mélancolique a été le plus européen des slavophiles. Pour sauver la culture occidentale qui, livrée à elle-même, aboutit à l'absence de sens dans le triomphe de l'industrie, il voudrait retrouver librement l'inspiration des Pères « qui ont visité le pays dont ils parlent ». Il développe ainsi la conception d'une connaissance vivante, spirituelle, inséparable de la foi et de l'amour, de la qualité morale de l'existence, et dont l'organe est le « foyer intérieur », centre véritable de l'homme où se rétablit l'« intégrité-intégralité » de la personne en communion. Ces thèmes ont été constamment repris par la philosophie religieuse russe des xixe et xxe siècles.
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Écrit par
- Olivier CLÉMENT : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut Saint-Serge de Paris
Classification
Autres références
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KHOMIAKOV ALEXEÏ STEPANOVITCH (1804-1860)
- Écrit par Olivier CLÉMENT
- 1 342 mots
...Russie au moment où les intellectuels de ce pays trouvent dans le romantisme et l'idéalisme allemands l'incitation à une vie intérieure plus profonde. Ivan Kirievsky, ami et inspirateur de Khomiakov, touché par la grâce, se convertit et s'établit près du « désert » d'Optino pour éditer les traductions...