VAZOV IVAN (1850-1921)
Ivan Vazov, écrivain bulgare, né en 1850 à Sopot (Vazorgrad), petite ville blottie au fond de la Vallée des Roses, que surplombe majestueusement le Balkan est mort en 1921 à Sofia, un an après avoir été, à l'occasion de son soixante-dixième anniversaire, fêté par le peuple bulgare tout entier.
La beauté des lieux de sa naissance, le charme de la vie restée traditionnelle dans la vieille bourgade, l'aspect pittoresque des habitants, tout cela a été une source généreuse d'inspiration pour l'écrivain.
Poète, romancier, auteur dramatique, Vazov, qui a œuvré à une époque où une littérature moderne, à préoccupations essentiellement esthétiques, devait succéder à la littérature militante de la Renaissance bulgare, et qui a ouvert des voies dans tous les domaines, reste la figure dominante dans les lettres bulgares.
L'épopée de l'émancipation bulgare
Son père, chef d'une famille aux mœurs patriarcales, voulant faire de lui son successeur dans le commerce, l'envoie au lycée de Plovdiv pour apprendre le turc et le grec. C'est pourtant la langue et la littérature françaises que découvre le jeune homme, dévorant Lamartine, Hugo, Béranger, qui deviendront ses premiers modèles. Mais c'est surtout Victor Hugo qui, selon Vazov lui-même, aura sur lui l'influence la plus durable, marquant de nombreux aspects de son œuvre. Revenu dans la boutique paternelle, il émaille de vers d'amour les livres de comptes, et son père juge prudent de l'envoyer en Roumanie, auprès de son frère, commerçant lui aussi. Cependant, ni ce séjour à l'étranger, ni les divers métiers qu'il exercera plus tard en Bulgarie, ne pourront détourner le jeune Ivan de sa vocation : il continuera à écrire.
Dans sa ville natale, Vazov assistera aux préparatifs d'une insurrection qui sera plus d'une fois évoquée dans ses œuvres. Après la libération de son pays par les armées du tsar de Russie, il est tour à tour juge, député, ministre, pour renoncer un jour à toute activité étrangère à ses occupations littéraires. Ce sera le premier écrivain bulgare qui vivra uniquement de sa plume.
Poète, Vazov est l'auteur d'une vingtaine de recueils. Nourri dans sa jeunesse par le patriotisme des écrivains qui l'avaient précédé, intimement lié à la vie de son pays après sa libération, il reflète, comme dans un miroir, cinquante ans d'histoire bulgare. Il n'est aucun événement, touchant de près son pays, qui n'ait trouvé un écho dans son œuvre poétique. Son cœur vibre de joie chaque fois que sa patrie est heureuse et se contracte douloureusement aux heures où les épreuves la déchirent. Son premier recueil, Étendard et Guzla (1876), traduit l'enthousiasme révolutionnaire qui s'empare de ses compatriotes et les jette dans une lutte désespérée. Dans Tristesses de la Bulgarie (1877), il évoque les vains sacrifices et la déception après l'échec. Libération (1878) chante les victoires du tsar libérateur et la joie du peuple arraché à l'esclavage. Suivront des recueils où les triomphes et les revers du soldat bulgare trouveront leur place : Slivnitsa (1885), Sous le fracas des victoires (1914), Chants pour la Macédoine (1916), Échos nouveaux (1917). L'amour de Vazov pour la nature bulgare s'exprime plus particulièrement dans Champs et forêts (1884) et Gerbe de juillet (1917). Le recueil J'ai senti le parfum des lilas (1919) réunit les plus beaux vers d'inspiration intime, écrits à des époques différentes et éclairés par un grand amour que le poète connut au crépuscule de sa vie. Mais les poésies de Vazov qui ont eu le retentissement le plus profond et qui restent les plus populaires sont celles qu'il a publiées sous le titre Épopée des oubliés (1881-1884). Il a voulu immortaliser par là les héros célèbres ou anonymes qui avaient[...]
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Écrit par
- Nadia CHRISTOPHOROV : maître de conférences honoraire
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Autres références
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BULGARIE
- Écrit par Roger BERNARD , André BLANC , Christophe CHICLET , Nadia CHRISTOPHOROV , Encyclopædia Universalis , Jack FEUILLET , Vladimir KOSTOV , Edith LHOMEL et Robert PHILIPPOT
- 26 995 mots
- 12 médias
...donné qu'une assez imparfaite ébauche. La personnalité la plus représentative de cette génération d'écrivains et même des lettres bulgares modernes est Ivan Vazov (1850-1921). Poète, romancier, auteur dramatique, il a marqué de son empreinte tous les domaines. Son œuvre poétique, réunie en une vingtaine...