MITCHOURINE IVAN VLADIMIROVITCH (1855-1935)
Agronome russe né dans le gouvernement de Riazan au sein d'une famille de petits paysans. Après des études au gymnase de Riazan, Mitchourine est obligé de gagner sa vie et ne peut entrer à l'Université. Il obtient un poste de sous-chef de gare à la station de Kozlov. En 1874, il épouse la fille d'un serf, mariage désapprouvé par sa famille et par la direction des chemins de fer qui le ramène au rang d'employé.
Attiré par la culture des plantes et leur amélioration, il crée, pour occuper ses loisirs, une pépinière privée : il cherche à acclimater en Russie des plantes étrangères par des greffes sur des porte-greffe indigènes robustes. Après dix années d'efforts, il abandonne cette méthode qu'il juge inefficace. En 1878, un arboriculteur de Crimée lui offre d'utiliser ses arbres fruitiers pour expérimenter sur l'hybridation. Il accepte et donne sa démission des chemins de fer. Il jouit déjà d'une certaine réputation lorsqu'en 1896 un botaniste américain, Mayer, lui rend visite dans le dessein d'introduire au Canada et aux États-Unis les nouvelles variétés qu'il a obtenues.
Jusqu'à la révolution d'Octobre, les autorités n'accordent que peu d'attention à son œuvre, et Mitchourine reçoit pour toute aide deux modestes décorations. Après 1917, les choses changent du tout au tout : sa pépinière devenue propriété d'État est transformée en école technique (1929). Mitchourine est couvert d'honneurs : Kozlov reçoit en 1932 le nom de Mitchourinsk ; il meurt peu de temps après sa nomination comme membre honoraire de l'Académie des sciences.
Mitchourine défend la thèse selon laquelle les caractères héréditaires peuvent être profondément modifiés par le milieu, faisant valoir qu'il a transformé des blés de printemps en blés d'automne qui offrent une grande résistance au gel. Il admet l'existence des hybrides végétatifs, car il a établi un processus de culture dénommé processus du mentor ; en greffant des boutures d'une espèce réputée d'arbres fruitiers A sur une espèce B, les qualités de A qui joue le rôle de mentor sont transmises à l'espèce B ; les qualités du greffon A sont passées dans le porte-greffe B, bien qu'aucun échange de chromosomes ne se soit effectué. Pour lui, les caractères héréditaires peuvent donc être « ébranlés » par certains facteurs (greffe, milieu). La greffe, comme la reproduction sexuelle, peut ainsi transmettre des caractères d'une espèce à une autre. Les « hybrides végétatifs ne se distinguent donc pas des hybrides naturels » (c'est-à-dire sexuels). Lyssenko reprendra ses théories et fabriquera de prétendus hybrides de greffe, afin de montrer que des « matières plastiques circulant du porte-greffe au greffon, et vice versa, peuvent transformer héréditairement le greffon ou le porte-greffe en un type plus ou moins intermédiaire ».
L'existence des hybrides de greffe a, depuis, été infirmée par une grande majorité d'auteurs éminents utilisant un matériel connu et génétiquement pur.
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Écrit par
- Andrée TÉTRY : membre de l'Académie nationale de Metz, directrice honoraire à l'École pratique des hautes études, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
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