VAN HOVE IVO (1958- )

Personnalité marquante de la scène contemporaine européenne, Ivo van Hove est né le 28 octobre 1958 à Heist-op-den-Berg, commune néerlandophone de Belgique. Élevé dans une famille catholique rigoriste, il passe plusieurs années comme pensionnaire dans un petit séminaire en Région flamande. Là, il découvre le théâtre lors d’ateliers hebdomadaires, sans que cela suscite chez lui une vocation immédiate. Mais, après avoir amorcé des études de droit à Anvers, il intègre une formation à l’art dramatique au RITCS (Royal Institute for Theatre, Cinema & Sound), à Bruxelles. En 1981, il fonde, avec Jan Versweyveld, scénographe et éclairagiste, la compagnie AKT (Antwerps Kollektief voor Theaterprojekten) située à Anvers, avec laquelle il met d’abord en scène ses propres textes, Geruchten (Rumeurs),Ziektekiemen (Germes pathogènes), puis ceux d’auteurs contemporains – Pinter, Duras, Koltès –, et classiques, dont Sophocle, Euripide et surtout Shakespeare, avec lequel Ivo van Hove entretient une relation récurrente. Sa notoriété naissante et la reconnaissance de ses pairs lui ouvrent d’autres horizons. En 1999, il est appelé à la direction artistique du Het Zuidelijk Toneel à Eindhoven (Pays-Bas), mais poursuit dans le même temps ses activités de metteur en scène. Il aborde pour la première fois l’opéra avec Lulu d’Alban Berg au Vlaamse Opera d’Anvers. En 2001, il est nommé directeur général du novateur Toneelgroep Amsterdam, fonction qu’il continue d’occuper, et avec lequel il ouvre une période particulièrement féconde de sa création scénique.

Un éclectisme passionné

Ivo van Hove est l’auteur d’une centaine de spectacles pour le théâtre et l’opéra, qui semblent se faire écho à travers le temps. Les formes d’expression qu’il privilégie ne doivent pas être réduites à la seule perception de l’utilisation massive et parfaitement maîtrisée des nouvelles technologies – cinéma, vidéos, sonorisations. Elles résultent avant tout du travail en profondeur conduit avec d’excellents comédiens, qui demeure en gestation jusqu’à la première représentation.

Très présent sur la scène internationale, Ivo van Hove a été découvert en France en 1999 à l’initiative de la Maison des arts de Créteil, avec India Song de Marguerite Duras, première amorce d’un compagnonnage qui se poursuit. Depuis, de nombreuses structures nationales lui ont ouvert leurs portes, en particulier le festival d’Avignon, où, à l’occasion de sa première venue en 2008, il a présenté Les Tragédies romaines qui associent trois pièces de Shakespeare, Coriolan, Jules César, Antoine et Cléopâtre. Il est de retour dans la cité des papes en 2014, avec The Fountainhead (La Source vive), d’après le roman de Ayn Rand (1905-1982), qui interroge le statut de l’artiste dans la société capitaliste des États-Unis. Dans une organisation spatiale organique, favorisant l’expression des neuf comédiens néerlandais, Ivo van Hove souhaite davantage questionner que juger, avec une volonté revendiquée de pratiquer un théâtre plus subversif que politique.