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VAN HOVE IVO (1958- )

Sous le signe de Shakespeare

L’année 2015 a permis de voir sur les scènes françaises plusieurs spectacles qui témoignent de l’éclectisme et du talent du metteur en scène, avec une version épurée de Mary Stuart de Friedrich von Schiller (Maison des arts de Créteil) et, lors d’une tournée mondiale, celle, en langue anglaise, d’Antigone de Sophocle (Théâtre de la Ville),avec Juliette Binoche dans le rôle-titre. Pour sa première création dans leur langue avec des comédiens français, Ivo van Hove offre une lecture décapante de la tragédie d’Arthur Miller Vu du pont (Odéon-Théâtre de l’Europe). Un nouvel exemple de la créativité du metteur en scène a été fourni lors de la présentation en janvier 2016, au Théâtre national de Chaillot, de Kings of War, issu de la réduction de trois œuvres de Shakespeare, Henri V, Henri VI et Richard III. Ce spectacle dévoile les mécanismes du pouvoir en temps de guerre et leurs incidences sur les comportements humains, en écho à l’époque contemporaine. En suivant l’ordre chronologique, introduit lors de chaque sacre par un cérémonial identique et spectaculaire, les personnalités des trois rois confrontés à l’exercice du pouvoir se révèlent dans toutes leurs différences : Henri V (Ramsey Nasr), visionnaire et fin stratège, engagé dans une réunification de l’Angleterre à travers la guerre livrée à la France ; Henri VI (Eelco Smits), monarque timide et impuissant, manifestement chargé d’une mission trop lourde pour lui ; Richard III, enfin, personnage infirme et monstrueux, ivre de pouvoir, auquel Hans Kesting prête une dimension impressionnante jusque dans sa traversée du temps lors d’appels téléphoniques à Obama, Merkel et Poutine. Comme à l’ordinaire, le metteur en scène et son complice Jan Versweyveld ont imaginé un espace à la fois fonctionnel et révélateur, parfois oppressant, ouvrant avec fluidité sur des hors-champs signifiants et des cadrages de proximité des personnages à l’aide de vidéos. Avec des ponctuations musicales très présentes, ces éléments concourent à la réussite d’une représentation percutante, magistralement orchestrée autour des très bons comédiens du Toneelgroep Amsterdam.

En juillet 2016, Ivo van Hove a ouvert la 70e édition du festival d’Avignon avec une adaptation du film de Luchino ViscontiLes Damnés, interprétée par la troupe de la Comédie-Française dans la cour d’honneur du palais des Papes. De manière saisissante et non sans susciter des résonances avec notre temps, cette version explore les zones d’ombre et les compromissions d’une famille de la haute bourgeoisie allemande confrontée à la montée du nazisme. Un exercice qui a déjà réussi à Ivo van Hove par le passé, lors de ses transpositions à la scène d’œuvres de ce même Visconti (Ludwig, le Crépuscule des dieux), mais aussi d’Ingmar Bergman, John Cassavetes, Pier Paolo Pasolini ou Michelangelo Antonioni.

— Jean CHOLLET

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<em>Les Damnés</em>, I. van Hove - crédits : Anne-Christine Poujoulat/ AFP

Les Damnés, I. van Hove

<em>Électre/Oreste</em>, d'après Euripide, mise en scène d'Ivo van Hove - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Électre/Oreste, d'après Euripide, mise en scène d'Ivo van Hove

Autres références

  • THÉÂTRE OCCIDENTAL - Le mélange des genres

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    ...Antoine et Cléopâtre) par le Toneelgroep Amsterdam a également marqué les esprits par ses formes de représentation choisies. Le metteur en scène Ivo van Hove, avec son équipe, souhaitait, à travers ces trois œuvres, explorer les mécanismes du pouvoir et de la politique. Il considère que dans « ce...