IVOIRE
Préhistoire et Antiquité
La chasse apportait à l'homme préhistorique les moyens de subsistance, ce qui restait du butin était consacré à l'art. Du début du Paléolithique, dont une certaine période a été qualifiée d'éburnéenne ou éléphantine, on connaît des gravures sur os ainsi que des sculptures en ivoire purement plastiques. Parmi les découvertes les plus importantes, il y eut celles de la grotte du Pape à Brassempouy (Landes), dont les pièces remarquables se trouvent au musée des Antiquités nationales à Saint-Germain-en-Laye. Les thèmes figurés sont tantôt réalistes, tantôt symboliques. On peut donc dire que l'art de l'ivoire et de l'os remonte aux premières manifestations artistiques de l'homme. L'art de l'ivoire fut très développé dans les pays de civilisation méditerranéenne ; et, au sud de la Méditerranée, l'Égypte se manifeste brillamment dès l'Ancien Empire. Représentations d'animaux, figures humaines, objets utilitaires se retrouvent également dans les civilisations voisines de la Méditerranée orientale et en Mésopotamie. En Crète, on a découvert l'Acrobate de Cnossos (musée de Candie). La sculpture chryséléphantine apparut, en Grèce, comme la production la plus importante dans le domaine de l'ivoire. Les statues des dieux étaient au départ des figures de bois plus grandes que nature : les parties du corps découvertes étaient en ivoire, le reste était en or, en bronze et en bois doré. Les plus grands sculpteurs de la Grèce antique, Phidias et Polyclète, sont considérés comme des maîtres dans cet art. Des influences venues du bassin oriental de la Méditerranée provoquèrent le développement de l'ivoirerie étrusque qui se manifesta par des meubles décorés, des petits bas-reliefs très caractéristiques. Les Étrusques, vaincus par les Romains, semblent avoir transmis à leurs nouveaux maîtres l'usage du diptyque, formé de tablettes en ivoire sculptées sur leur face extérieure et recouvertes de cire à l'intérieur. Les consuls offraient ces diptyques à l'empereur lors de leur entrée en fonctions. Produits sans interruption de 406 à 541, ces diptyques « consulaires » constituent une source sûre pour l'étude de l'évolution de la sculpture. Outre les diptyques, il y avait un assez grand nombre de pyxides. Ces coffrets à bijoux, à encens, etc., étaient décorés extérieurement, et ils ont souvent été conservés dans les trésors des églises. L'ivoire étant une matière précieuse, on grattait parfois les motifs qui ornaient déjà les ivoires pour les remplacer par des sujets nouveaux, ou encore on ornait l'envers de la tablette, qui était vierge, selon l'inspiration du moment. Après la séparation entre l'Empire romain d'Occident et l'Empire romain d'Orient (Byzance), la sculpture sur ivoire subit une éclipse.
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Écrit par
- Eugen von PHILIPPOVICH : historien d'art
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