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IVOIRES PARISIENS, art gothique

Depuis les travaux de R. Koechlin, la plupart des reliefs et des statuettes d'ivoire à sujets religieux et profanes des xiiie et xive siècles sont attribués aux ateliers parisiens. Sans que leurs conclusions soient toujours très convaincantes, des chercheurs ont essayé de détacher de cette production des séries d'œuvres qui pourraient provenir de centres provinciaux ou étrangers. On sait que l'ivoirerie était très en faveur à Paris, au milieu du xiiie siècle, et que cette vogue ne fit que s'accentuer au xive siècle. Tous les ivoires parisiens n'ont cependant pas une origine commune, les uns sortant des mains des tailleurs d'ivoire, en fait des imagiers et des sculpteurs, les autres des mains des pigniers ou patenostriers qui se réservaient l'exécution d'objets plus courants et plus usuels ; cette double origine explique les inégalités dans la qualité de la taille d'ivoires de la même époque. Le fait que les objets profanes et religieux aient été sculptés dans les mêmes ateliers devrait permettre de classer les nombreux coffrets, manches de grattoirs, plaquettes et valves de miroir à sujets profanes, s'inspirant souvent des romans à la mode qui sont parvenus jusqu'à nous. Parmi ceux-ci se détachent quelques chefs-d'œuvre encore mal situés : les valves de miroir du Jeu d'échecs du Louvre et du Victoria and Albert Museum de Londres, celles de la Prise du château d'Amour du Louvre et de Liverpool, celles des « scènes courtoises » du Louvre (Couronnement de l'amant), de Londres (Chevauchée des amants) et surtout la valve dite « L'Assemblée », d'une taille et d'une beauté exceptionnelles, représentant un roi, une reine et leurs suivants (musée du Moyen Âge-Thermes de Cluny). Les statuettes en ronde bosse, toutes à sujet religieux, suivent de près l'évolution de la sculpture monumentale. Un groupe de très grande qualité, contemporain du règne de Saint Louis, comprend, entre autres, les pièces remarquables du musée du Louvre, le Couronnement de la Vierge, la Descente de Croix et la Vierge de la Sainte-Chapelle ; à cette dernière se rattachent toute une série de statuettes de la Vierge à l'Enfant, originaires d'Île-de-France. Le style du diptyque de Saint-Jean-des-Vignes de Soissons (Victoria and Albert Museum) marque la production des feuillets d'ivoire, dans la seconde moitié du xiiie siècle : les scènes sont groupées sous des gâbles aigus, ajourés de rosaces séparées par des pinacles. Vers 1300 et dans la première moitié du xive siècle, à côté des grandes statuettes apparaît un genre hybride, le tabernacle, composé d'une figure en ronde bosse de la Vierge autour de laquelle se referment des volets, sculptés de bas-reliefs représentant d'abord des anges porte-cierge puis des scènes de la vie de la Vierge et de l'enfance du Christ.

Au milieu du xive siècle, quelques statuettes, comme l'exquise Vierge du musée du Bargello de Florence ou celle, plus bourgeoise, du musée de Dijon, soutiennent la comparaison avec les plus belles œuvres monumentales. Le classement des triptyques et des diptyques se fait alors, sans doute à tort, selon leur type de décor : décor de roses, à arcatures, à colonnettes et à plaquettes. Quelques ateliers se dégagent pourtant par leur originalité de cette classification arbitraire : l'atelier du maître du triptyque de la Vierge de Berlin, des « visages caractérisés » (Christ-juge du Louvre) ou du diptyque du trésor de l'abbaye de Kremsmünster, sans doute allemand ou autrichien plutôt que français. À la fin du xive siècle et au début du xve, la qualité du travail des ivoires parisiens décline très rapidement, comme le montrent le célèbre Groupe de l'Annonciation de Langres (s'il s'agit bien d'une œuvre parisienne) ou la reliure sculptée[...]

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