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OJEIKERE J. D. 'OKHAI (1930-2014)

Le photographe J.D. ‘Okhai Ojeikere est né en 1930 dans le village d’Ovbiomu-Emai, dans le sud-ouest du Nigeria. Il quitte l’école et son village à dix-huit ans pour devenir artisan auprès de son oncle, à Ibadan. À la mort de celui-ci, sur les conseils d’une amie, il achète en 1950 son premier appareil photo, un Brownie D sans flash et apprend à s’en servir avec l’aide de son voisin. La rue lui fournit ses premiers sujets. De 1953 à 1961, il travaille comme assistant en chambre noire pour le ministère de l’Information, tout en photographiant pour son compte des étudiants de l’université d’Ibadan. Lassé de la routine de son travail au ministère, il démissionne en 1961 pour occuper un poste de photographe de plateau au sein de la première chaîne de télévision indépendante d'Afrique, dirigée par l'intellectuel et jazzman Steve Rhodes, qui le recommande pour une mission auprès de West Africa Publicity. Ojeikere déménage alors à Lagos en 1963.

Pour lui, aucun domaine de la vie quotidienne n’échappe à la photographie, dès lors que l’image est partout : sur les T-shirts, les paquets de cigarettes, la publicité dans la rue ou à la télévision… À ses yeux, la photographie est l’un des moyens de communication et d’éducation les plus efficaces.

En 1975, son poste au sein de la West Africa Publicity est supprimé ; il s’installe alors à son compte. Sociétés commerciales et agences de publicité constituent ses principaux clients ; Ojeikere profite de ses soirées et de ses week-ends pour réaliser ses propres clichés.

En 1967, grâce à son ami Erhabor Emokpae, J.D. ‘Okhai Ojeikere devient membre du Nigeria Art Coucil. Lors d’un voyage qu’ils réalisent ensemble l’année suivante, Ojeikere photographie une plante étrange. « Le Nigeria recèle beaucoup de richesses dans lesquelles les artistes peuvent puiser et développer leur travail. C’est ce que vous faites ! », s’exclame Emokpae. Dès lors, Ojeikere se promet, en dehors de ses activités commerciales, de se consacrer à la vie culturelle du Nigeria. Pour lui, l’art est partout dans la vie : dans la façon de s’habiller, de préparer un plat, dans les objets qui nous entourent. Le travail d’un artiste est le reflet de son environnement et de son histoire. Dans les années 1970, avec un Rolleiflex 6 × 6, Ojeikere réalise plusieurs séries de photographies – toujours en noir et blanc – sur les enfants, le théâtre, la danse, la publicité, l’architecture, les coiffes… Il devient également membre de l’Association des photographes du Nigeria, avec laquelle il organise des expositions collectives qui rassemblent les différents aspects de la photographie artistique, publicitaire, documentaire et de reportage.

<em>Mkpuk Eba</em>, J.D. ‘Okhai Ojeikere - crédits : J.D. 'Okhai Ojeikere, courtesy Magnin-A.

Mkpuk Eba, J.D. ‘Okhai Ojeikere

C’est à l’occasion des festivals organisés par le Nigeria Art Council qu’il réalise ses premiers Hairstyles. À l’extérieur ou dans son studio, il photographie un grand nombre de coiffures caractéristiques de tout le pays. Il demande à chaque fois à son modèle la provenance, la signification, le nom et l’histoire de sa coiffure. Il réalise plusieurs photographies de chaque d’entre elles (face, dos et profil) tout en privilégiant les clichés de dos, qui mettent en valeur leur aspect sculptural. Ojeikere est sans doute un des premiers photographes africains à avoir envisagé ce travail en ayant conscience qu'il constituait une œuvre d'art. Pour lui, les coiffeuses étaient des artistes, les coiffures de véritables sculptures et Hairstyles, à son tour, une œuvre d'artiste. Coiffures du quotidien, pour des fêtes ou cérémonielles, chaque modèle a un sens précis. D’anciennes têtes sculptées témoignent que les coiffures d’aujourd’hui existaient déjà il y a plus de 2 000 ans. Certains modèles ont perdu leur signification originelle au profit de nouvelles qui leur sont attribuées. C’est là tout le sens du travail d’Ojeikere : « Je n’ai[...]

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Écrit par

  • : conservateur de la Contemporary African Art Collection, historien de l'art

Média

<em>Mkpuk Eba</em>, J.D. ‘Okhai Ojeikere - crédits : J.D. 'Okhai Ojeikere, courtesy Magnin-A.

Mkpuk Eba, J.D. ‘Okhai Ojeikere