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BRYMER JACK (1915-2003)

Figure marquante de la clarinette en Grande-Bretagne au milieu du xxe siècle, Jack Brymer fait, à bien des égards, figure de chef d'école.

Il naît à South Shields (comté de Durham) le 27 janvier 1915 et commence l'étude de la clarinette à l'âge de quatre ans. À onze ans, il fait partie d'une musique militaire. Il accomplit ses études à l'université de Londres puis il enseigne la musique dans des écoles à Croydon (1935-1940) avant de servir dans la Royal Air Force pendant la Seconde Guerre mondiale. À la fondation du Royal Philharmonic Orchestra de Londres, en 1947, Thomas Beecham l'engage comme clarinette solo. Il occupe cette place jusqu'en 1963 et entre alors à l'Orchestre symphonique de la B.B.C. (1963-1972). Mais l'arrivée de Pierre Boulez à la direction de l'orchestre, le changement de répertoire et de style lui conviennent mal. Il quitte la B.B.C. et entre à l'Orchestre symphonique de Londres, où il succède à Gervase De Peyer comme clarinette solo (1972-1986). Parallèlement, il pratique la musique de chambre et participe à la formation du Wigmore Ensemble, du London Baroque Ensemble et du Prometheus Ensemble. Il dirige de sa clarinette les London Wind Soloists, avec lesquels il explore le répertoire pour ensemble à vent, notamment l'œuvre de Mozart, qu'il enregistre dans son intégralité. Il reprend le Michael Krein Saxophone Quartet, qui devient plus tard le London Saxophone Quartet.

Le style de Jack Brymer s'inscrit dans la ligne de Reginald Kell, son prédécesseur dans les orchestres de Beecham : pureté de son, vibrato réduit, mais il enrichit son approche au contact des écoles françaises et américaines. Il consacre une grande partie de son activité à l'enseignement, à la Royal Academy of Music de Londres (1950-1959), à la Royal Military School of Music (1967-1971) et à la Guildhall School of Music (à partir de 1982). Il donne aussi d'innombrables cours d'interprétation dans le monde entier et, malgré des problèmes de santé au genou qui l'obligent à jouer assis, il continue à se produire en soliste et à enseigner bien au-delà de ses quatre-vingts ans. Il meurt à Croydon le 16 septembre 2003.

Le personnage avait un humour délicieux et une curiosité intellectuelle très développée. Il a toujours cherché à élargir son répertoire et à jouer des œuvres nouvelles, même lorsqu'elles s'exprimaient dans une langue qu'il réprouvait. Cette souplesse d'adaptation et une grande facilité de lecture en ont fait un partenaire idéal de musique de chambre. Sa sonorité toujours élégante reposait sur une palette de couleurs très diversifiée et une grande liberté de style.

On lui doit plusieurs ouvrages, parmi lesquels Clarinette (Londres, 1976 ; traduction française, Hatier, Paris, 1979), considéré comme la référence historique et technique sur l'instrument, ainsi qu'une savoureuse autobiographie, From Where I Sit (Londres, 1979).

De son abondante discographie se détachent évidemment plusieurs interprétations du Concerto pour clarinette en la majeur, K 622, de Mozart : par le Royal Philharmonic Orchestra sous la direction de Thomas Beecham (E.M.I. Classics) ; par l'Orchestre symphonique de Londres sous la direction de Colin Davis (Philips) ; par l'Academy of St Martin in the Fields sous la direction de Neville Marriner (Philips). De Mozart, Brymer a également donné des versions de référence du Quintette pour clarinette et cordes, K 581, avec le Quatuor Allegri (Philips), et du Trio pour piano, alto et clarinette « des quilles », K 498, avec Stephen Kovacevich et Patrick Ireland (Philips).

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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