LEVINE JACK (1915-2010)
Le peintre Jack Levine fut un membre de l'école réaliste américaine des années 1930, versée dans la critique sociale.
Jack Levine naît en 1915 à Boston, dans une modeste famille originaire de Lituanie. Se formant dans un premier temps au centre social juif de Roxbury, quartier de sa ville natale, durant son temps libre, il fréquente ensuite l'école du Museum of Fine Arts de Boston, puis étudie à l'université Harvard de 1929 à 1933. De 1935 à 1940, il travaille par intermittence pour les programmes artistiques fédéraux mis en place par l'administration Roosevelt dans le cadre du W.P.A. (Works Progress Administration). Inspiré par Le Greco, Goya ou encore George Crosz, il dépeint la pauvreté et brosse des caricatures de personnalités politiques corrompues. Levine se fait remarquer grâce à des toiles telles que Brain Trust (1935), exposée au Museum of Modern Art de New York en 1936, et The Feast of Pure Reason, présentée l'année suivante et achetée par cette même institution. Dans ce dernier tableau, un policier, un politicien et un riche homme d'affaires discutent confortablement installés, sans doute pour conclure un marché ; ce thème de la corruption se retrouvera dans une grande partie de son œuvre.
La première exposition personnelle de Jack Levine est organisée en 1939 dans une galerie new-yorkaise. Grâce à une bourse, Levine se rend en Europe en 1951, un séjour où il découvre la manière des maîtres de la Renaissance qui l'inspirera par la suite. Dans des tableaux comme The Trial (1953-1954), Gangster Funeral (1952-1953), The Patriarch of Moscow on a Visit to Jerusalem (1975) et le diptyque Panethnikon (1978), qui dépeint une réunion imaginaire du Conseil de sécurité de l'O.N.U., il poursuit dans la voie de la satire sociale mordante. Dans les années 1960, en écho au malaise politique, il peint Spanish Prison (1962), allusion au franquisme, et Birmigham 63 qui montre des chiens policiers lâchés contre des Noirs. Ces toiles reflètent les déformations dramatiques chères à des peintres tels que Chaïm Soutine et Georges Rouault.
La veine satirique politique et morale qui caractérise les œuvres de Jack Levine lui vaut les critiques acerbes du président Dwight Eisenhower, quand celui-ci observe, lors d'une exposition organisée par le département d'État américain à Moscou en 1959, plusieurs de ses œuvres, en particulier Welcome Home (1946), qu'il considère comme une critique du pouvoir militaire trop proche des milieux d'affaires notamment pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Vatican, de son côté, apprécie beaucoup le travail de l'artiste. Quand il achète en 1973 le tableau Cain and Abel (1961), le pape Paul VI lui assure en effet que ses œuvres seront toujours bienvenues dans le musée du Saint-Siège – distinction inhabituelle pour un artiste américain. L'Institut d'art contemporain de Boston en 1952, puis le Jewish Museum de New York en 1978 organisent une rétrospective présentant l'ensemble de son œuvre. Ne suivant pas les tendances artistiques de son époque, ce dernier voit sa carrière décliner jusque dans les années 1980, pendant lesquelles il peint plus volontiers des sujets bibliques tirés de l'Ancien Testament, comme In the Valley of Kidron (1983). Marié à la peintre Ruth Gikow, Jack Levine s'éteint le 8 novembre 2010, à New York.
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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