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WILSON JACKIE (1934-1984)

Le chanteur américain Jackie Wilson a fait œuvre de pionnier dans la fusion des styles du doo-wop, du rock et du blues des années 1950 dans la musique soul des années 1960, dont il fut l'un des interprètes les plus dynamiques. Peu de chanteurs ont pu rivaliser avec sa tessiture vocale ou ses exploits physiques en scène. C'était un artiste profondément original et ses innovations stylistiques au cours des années 1950 ont été aussi importantes dans l'évolution du pop, du rock et de la soul aux États-Unis que celles de James Brown, Nat King Cole ou Sam Cooke, bien que ses enregistrements aient rarement joui du même succès commercial que les leurs.

Jack Wilson est né le 9 juin 1934, à Detroit (Michigan). Doté d'une puissante voix de ténor couvrant plusieurs octaves, il commence à chanter professionnellement dès l'adolescence et, en 1953, il remplace Clyde McPhatter comme premier chanteur du groupe vocal les Dominoes, dirigé par Billy Ward, avec qui il chante jusqu'à ce qu'il devienne soliste en 1957. Wilson doit faire face aux formes habituelles de ségrégation raciale qui rendent alors le succès auprès du grand public difficilement accessible aux artistes afro-américains. Les frontières commerciales et stylistiques entre la musique dite « raciale » et le top 40 de la pop, essentiellement occupé par des musiciens blancs, forcent des chanteurs comme Wilson à se creuser la tête pour faire connaître leur talent du plus grand nombre sans provoquer une marginalisation de nature raciale. C'est le défi que l'auteur-compositeur et ami de Detroit Berry Gordy, Jr., relève lorsque, avec Roquel (« Billy ») Davis (également appelé Tyran Carlo), il écrit le premier single en soliste de Wilson, Reet Petite, en 1957. Deux ans plus tard, Gordy forme Motown Records, où il cherche le succès dans le mélange des genres – c'est-à-dire en faisant passer des interprètes noirs du classement du rhythm and blues à celui de la pop. Gordy et Wilson avaient auparavant mené des carrières de boxeurs, ce qui explique peut-être chez celui-ci l'endurance phénoménale et la maîtrise du souffle sur scène. Les affinités de Gordy avec la personnalité masculine et très physique de Wilson l'amènent à co-écrire (avec sa sœur Gwendolyn et avec Davis) plusieurs des meilleurs singles du chanteur, notamment Lonely Teardrops (1958), To Be Loved (1958) et That's Why (I Love you So) (1959), le premier de ceux-ci arrivant en tête du classement du rhythm and blues et septième de celui de la pop.

Une fois sa carrière lancée, Wilson est constamment en tournée et il se forge une réputation d'homme de spectacle. En 1963, il parvient au top 5 de la pop avec la chanson soul Baby Workout, mais ne connaît plus aucun grand succès jusqu'en 1967, quand – au sommet de la Beatlemania – son interprétation puissante de (Your Love Keeps Lifting Me) Higher and Higher atteint le numéro six au classement pop. Contrairement à d'autres vedettes qui enregistrent chez Stax et Motown, Wilson n'est pas toujours soutenu par des musiciens de premier ordre ou par des arrangements de qualité ; toutefois, le producteur de Chicago, Carl Davis, loue les services du pupitre de rythme de Motown pour Higher and Higher, donnant à l'enregistrement une pulsation contemporaine et branchée. Pourtant, malgré les contributions imaginatives de Davis, les disques suivants de Wilson connaissent un succès commercial limité, principalement parce que Brunswick Records ne leur donne pas la promotion nécessaire pour les faire passer à la radio. Wilson a recours aux tournées pour ranimer l'intérêt du public pour sa carrière. En septembre 1975, alors qu'il est sur le point de refaire surface avec l'album qu'il vient de terminer, Nobody but you, Wilson est victime d'une crise cardiaque au cours d'un concert, qui le laisse[...]

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Écrit par

  • : rédactrice chez MJI Broadcasting à New York, ancienne directrice nationale de la section Black Music chez Columbia Records à New York

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