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POLLOCK JACKSON (1912-1956)

Invention technique

Géant de l'art du xxe siècle, Pollock l'est au même titre que Picasso, Matisse et Mondrian. Mais, peut-être plus que son combat héroïque contre les démons de la figure, c'est la nouveauté technique de son travail qui enthousiasmera ses successeurs. Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, Pollock fut un technicien hors pair (ses œuvres sont les seules à avoir été assez solides pour supporter sans dommage les multiples expositions itinérantes auxquelles la vaste collection de Peggy Guggenheim a été soumise), mais surtout, comme le Picasso du cubisme, il fit de la technique le lieu même de l'invention picturale. L'aspect « teinture » de ses toiles noires influencera fortement ses pairs (dont Barnett Newman) et sera le point de départ des procédés techniques mis en œuvre par tout un groupe de peintres autour de Morris Louis, défendu par Greenberg. Mais sa contribution majeure réside incontestablement dans les drippings. Par ce nouveau moyen, il changea le rapport séculaire que l'artiste entretenait avec le support de sa toile : opérant à distance comme un photographe, mais s'impliquant tout entier dans un corps à corps dont aucun effet ne pouvait être déterminé à l'avance, il détruisait toute appréhension possible du tableau comme surface projective, comme espace neutre que peuplent formes et figures. C'est cette leçon que retiendra l'art américain des années 1960 et 1970, faisant de Pollock le premier peintre du procès (process art), et c'est en ce sens qu'il inaugura un nouveau chapitre de l'histoire de l'art.

— Yve-Alain BOIS

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  • : professeur d'histoire de l'art à l'université Harvard

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