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KATZ JACOB (1904-1998)

Jacob Katz, historien israélien, est né en 1904 à Magyargencs, en Hongrie. Après avoir étudié dans de nombreuses yeshivot et à l'université de Francfort, il arrive en Israël en 1936, où il enseigne jusqu'en 1950 dans des écoles religieuses. Nommé professeur d'histoire sociale à l'université hébraïque de Jérusalem en 1950, il en sera le recteur dès 1969, avant d'être nommé professeur émérite.

L'œuvre de Jacob Katz analyse les relations complexes et fluctuantes entre juifs et chrétiens, du Moyen Âge à l'époque moderne, en recourant aux sources bibliques, talmudiques et rabbiniques. Témoins Exclusion et Tolérance (1961) ou encore Tradition and Crisis (1993), où il montre que, dès le Moyen Âge, de nombreuses lois talmudiques devinrent caduques, compte tenu de l'environnement économique et politique. Comment, par exemple, l'observance du shabbat pouvait-elle se maintenir ? Était-il ou non licite d'utiliser un shabbès goy, un non-juif, pour remplacer le juif dans certains travaux ? Les docteurs locaux de la loi étant autonomes et autorisés à interpréter la halakha, leur attitude, libérale ou intégriste, fut déterminante.

Si la disputatio de Paris, au xiiie siècle, atténua bien la haine entre les deux religions, les migrations vers l'est des juifs de France et d'Allemagne entre le xve et le xviie siècle eurent néanmoins pour conséquence le développement du ghetto et la réaffirmation par Rabbi Loeb (le Maharal de Prague) du statut d'exception de la nation juive. Du xviie au xviiie siècle, les contacts entre juifs et chrétiens se multiplièrent, la figure du juif de cour se répandant en Allemagne et en France. Jacob Katz rappelle les programmes des différents réformateurs, leur espoir d'« améliorer », de « régénérer » les juifs de manière qu'ils ne forment plus un État dans l'État. Sous l'influence de Moses Mendelssohn, l'idée d'humanité devint le concept fondamental du rationalisme, et après la Révolution française l'État accorda l'égalité des droits politiques aux juifs émergeant désormais Hors du ghetto (1973). Ces progrès vers l'émancipation varièrent d'un pays à l'autre, l'immigration de juifs moins émancipés freinant le processus et attisant même l'antisémitisme et le nationalisme.

Juifs et francs-maçons en Europe, 1723-1939 (1970) rappelle que, en vertu de la première obligation de la Constitution, élaborée par Anderson en 1723 pour la Grande Loge de Londres, le fondement de la maçonnerie – purement déiste – n'excluait que les athées. Pourtant, identifiant germanisme et christianisme, l'Allemagne n'autorisa l'entrée des juifs dans les loges qu'à partir de 1872, tandis qu'en France le baptême demeura jusqu'à la Révolution la condition sine qua non pour obtenir la qualité de membre. Au milieu du xixe siècle, Alban Stolz en Allemagne, Gougenot de Mousseaux et Chabouty en France se firent les propagandistes du slogan haineux « Juifs et francs-maçons », repris en 1886 dans La France juive d'Édouard Drumont. Les juifs et les francs-maçons furent considérés comme responsables du désastre allemand à la fin de la Première Guerre mondiale, l'avalanche de livres sur le sujet atteignant son point culminant avec la traduction des Protocoles des Sages de Sion. Hitler, ravi de voir le mouvement maçonnique identifié à un instrument des juifs, put ainsi ordonner la dissolution des loges le 18 avril 1933.

La publication anonyme en 1850 du pamphlet intitulé Le Judaïsme dans la musique, réédité en 1869 sous le nom de son auteur, Richard Wagner, et celle du Journal de Cosima, fournirent à Jacob Katz l'occasion de s'intéresser également à Wagner et la question juive (1985). Si Wagner manifestait dans sa jeunesse une certaine tolérance[...]

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