RUISDAEL JACOB VAN (1628 env.-1682)
Les chefs-d'œuvre
Jacob Isaacksz. van Ruisdael était le fils d'un frère de Salomon. Il naquit à Haarlem et devint en 1648 membre de la Guilde des peintres de cette ville. En 1657, il déménagea à Amsterdam où il demeura jusqu'à sa mort en 1682 ; il fut enterré à Haarlem. On suppose que, pendant les dernières années de sa vie, ce peintre a été moins actif et que c'est lui le Van Ruisdael qui a soutenu en 1676 une thèse de doctorat en médecine à Caen. Comme son oncle, il semble avoir été assez fortuné. On peut admettre que le premier maître de Jacob Isaacksz. fut son père, de qui l'on ne sait cependant presque rien. Son oncle Salomon a peut-être été son deuxième maître, comme le suggèrent quelque peu les tableaux de sa jeunesse. L'influence de Cornelis Vroom (1590 ou 1591-1661), un peintre de forêts qui occupait une place à part au milieu de ses concitoyens, fut plus importante pour la formation de Van Ruisdael. Pendant sa jeunesse, Vroom fut marqué par l'œuvre d'Elsheimer, plus tard par celle de Ruisdael, alors que celui-ci avait subi lui-même l'influence de son aîné.
Le célèbre Moulin de Wijk près de Duurstede fut peint vingt ans environ après la Vue de Herwen de Salomon van Ruysdael et vingt ans après le commencement de l'activité indépendante de Jacob van Ruisdael. Dans ses tableaux, qui datent de leur meilleure époque, les deux maîtres révèlent leur vision de la nature hollandaise ; il est surprenant de voir des sujets aussi voisins traités avec une telle différence. Comme Salomon van Ruysdael, Jacob van Ruisdael a dessiné beaucoup de sujets d'après nature ; il est certain que son moulin de Wijk bij Duurstede représente assez fidèlement la réalité. Mais aucun des deux paysages n'offre un enregistrement objectif de la situation donnée. Cependant, ce qui était chez Salomon ensoleillé, charmant et calme est, dans l'œuvre de Jacob, ample et d'une extrême tension. La perspective, qui est construite librement à l'aide de diagonales et d'horizontales, et l'absence de formes élancées au premier plan renforcent l'immensité du paysage fluvial. L'horizon étant un peu élevé, une plus grande surface d'eau est visible ; le peintre (et le spectateur) se trouve à un endroit légèrement surélevé. Dans cette immensité se dresse le moulin majestueux, qui dépasse les arbres et les bâtiments qui l'entourent. Il est tourné vers un ciel plein de nuages lourds qui viennent lentement vers lui. Il est tourné vers un ciel plein de nuages lourds qui viennent lentement vers lui. Des contrastes de lumière inattendus se produisent grâce à un coup de soleil qui joue sur le tableau.
Parfois la Hollande que peint Van Ruisdael est plus riante, par exemple dans les chaumières à Egmond aan Zee, chaumières qui sont blotties autour d'une église à demi délabrée, dans ses vues d'Amsterdam ou ses panoramas avec une vue de Haarlem. Les mêmes nuages lourds de fin d'été du Moulin de Wijk près de Duurstede flottent au-dessus de Haarlem, la ville qu'on voit au loin. Saint-Bavon, la vieille cathédrale de cette ville industrielle, a des proportions colossales ; les maisons sont, au contraire, minuscules. Le spectateur se tient au-dessus des dunes, et entre lui et la ville il n'y a que la plaine. La distance est suggérée, non pas construite ; des deux côtés, rien n'arrête le regard. On connaît aussi quelques paysages d'hiver, quelques vues de rivières et quelques marines de Ruisdael. Sur ses plages, par exemple celle de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, il fait le plus souvent un temps d'août suffocant, et les personnages distingués se promènent nu-pieds dans les ondes. Au pays de Ruisdael les hivers sont généralement rudes et sombres, ce qui paraît par exemple dans le tableau de la Bayerische Staats Gemälde Sammlungen.[...]
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Écrit par
- Lyckle DE VRIES : professeur à l'Institut d'histoire de l'art de l'université de Groningue, Pays-Bas
Classification
Médias
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