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SANNAZARO JACOPO (1457-1530)

Célèbre en son temps dans toute l'Europe, imité par Ronsard et les poètes de la Pléiade, par Garcilaso de la Vega, par Leopardi, Jacopo Sannazaro a été élevé au rang d'auteur classique grâce à L'Arcadie, son œuvre la plus connue. Celle-ci considérée comme l'archétype de la pastorale moderne, qui allait connaître une faveur considérable avec la Diana (1559) de Montemayor, l'Astrée (1607-1628) d'Honoré d'Urfé, ou encore l'Arcadia (1590) de Sidney. Ce renom masque mal la désaffection du public et un malentendu persistant qui ont leur origine, au xixe siècle, dans les jugements réducteurs d'une critique exagérément attachée à de vaines spéculations sur la biographie amoureuse de l'auteur ou aux innovations métriques qu'on lui attribuait faussement. Un regain d'intérêt se fait sentir depuis la seconde moitié du xxe siècle, qui a redécouvert la ferveur de l'humaniste et le lyrisme raffiné de l'œuvre. C'est qu'on avait failli oublier que Sannazaro fut poète avant tout, et des plus sensibles. Son œuvre, qui use de l'enchantement du rêve sans s'en faire un refuge, est animée par un souci tout humaniste d'élévation spirituelle et par l'espoir d'un renouveau fondé sur la mémoire.

Jacopo Sannazaro est né à Naples en 1457. Après une formation très complète – rhétorique, latin et grec – il acquiert une connaissance étendue de la littérature antique gréco-latine, mais aussi des classiques italiens, et désire bientôt imiter les expérimentations contemporaines des bucoliques toscans. En 1480, sous le nom d'Actius Sincerus, il est déjà membre de l'Académie napolitaine dirigée par Giovanni Pontano, dont il devient l'ami intime, et se lie à de nombreux humanistes. Dans le dialogue Actius, Pontano lui fait exposer les éléments d'une poétique qui leur était commune. Il est très apprécié dans la brillante cour animée par les fils du roi Ferrante. Appartiennent à cette époque de grande familiarité avec la famille royale aragonaise six Farces, pièces allégoriques destinées au divertissement de la cour. Une véritable amitié le lie à Frédéric Ier, monté sur le trône en 1496, qui lui offrira une villa située à Mergellina, au pied du Pausilippe, dans un des sites les plus évocateurs de la baie de Naples, non loin du tombeau de Virgile. Fidèle jusqu'au bout à son roi, il le suit quand celui-ci, détrôné, doit s'exiler en France en 1501. Sannazaro met à profit son séjour en voyageant, en fréquentant les milieux humanistes, et en recherchant activement des manuscrits dans les bibliothèques. C'est ainsi qu'il découvre, entre autres, les Halieutiques d'Ovide et les Cynégétiques de Némésien ; il en fera la transcription, amendant le texte en philologue éminent.

C'est avant son retour à Naples qu'est éditée, en Italie, L'Arcadie (1504). Composé en plusieurs périodes à partir de 1483, terminé avant le départ en exil, le livre comporte douze chapitres formés chacun d'une partie en prose et d'une églogue. C'est un itinéraire spirituel placé sous le signe de la mémoire, plutôt qu'un récit de voyage ou un roman – plus proche, à ce titre, des Confessions de saint Augustin ou de la Consolation de la philosophie de Boèce, que de Daphnis et Chloé de Longus. En l'absence de toute péripétie et de relation suivie entre les personnages, c'est la remémoration qui est le seul fil du récit, suivant le parcours, jalonné de haltes, de quelques bergers accompagnés de leurs bêtes, au sein d'une Arcadie rêvée qui prend son modèle chez Virgile. Chaque étape de Sincero, narrateur napolitain exilé – Sannazaro lui-même – et de ses compagnons, est l'occasion d'une pause méditative en un lieu d'élection, locus amoenus (lieu de plaisance)[...]

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  • ARIOSTE L' (1474-1533)

    • Écrit par et
    • 6 207 mots
    ...non dénuée de fins pratiques. S'il n'est âgé que de vingt ans quand meurt Politien, de vingt-cinq quand meurt Marsile Ficin, de vingt-neuf quand meurt Sannazaro, il a pour contemporains à la fois Pietro Bembo, Pontano, Raphaël, Michel-Ange, Titien (qui fit son portrait), et Machiavel, Guichardin, Léonard...