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ROMILLY JACQUELINE DE (1913-2010)

Jacqueline de Romilly - crédits : Marc Gantier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Jacqueline de Romilly

Helléniste française. Fille de Maxime David, professeur normalien de philosophie mort pour la France en septembre 1914, et de Jeanne Malvoisin, Jacqueline David est née à Chartres en 1913. Elle va conduire de brillantes études à Paris, d'abord au lycée Molière (lauréate du concours général en 1930, l'année même où les filles sont pour la première fois autorisées à concourir, elle remporte un premier prix en latin, et un deuxième prix en grec) puis à Louis-le-Grand, avant d'intégrer l'École normale supérieure. Elle est alors l'élève de Paul Mazon, premier président de la société Les Belles-Lettres. Après avoir obtenu l'agrégation de lettres, elle enseigne dans des lycées de Montpellier et Bordeaux. Elle épouse en 1940 Michel Worms de Romilly – un nom qu'elle conservera après son divorce. Écartée de l'enseignement par les lois antijuives édictées par le régime de Vichy, elle doit vivre dans la clandestinité avec son mari durant la guerre. Dès la fin des hostilités, elle reprend son métier de professeur de lettres, d'abord à Versailles (1945-1949), puis à la faculté de lettres de Lille (1949-1957) et à la Sorbonne (1957-1973). En 1947, elle avait soutenu sa thèse sur Thucydide et l'impérialisme athénien – un auteur dont elle traduira l'Histoire de la guerre du Péloponnèse et qui demeurera une référence centrale dans sa pensée. En 1973, Jacqueline de Romilly est la première femme à être élue au Collège de France. Elle y occupe jusqu'en 1984 la chaire consacrée à la Grèce et la formation de la pensée morale et politique. Elle sera également la première femme à siéger à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, en 1975, et présidera cette institution en 1987. Enfin, elle est élue à l'Académie française le 24 novembre 1988 au fauteuil d'André Roussin.

Dans son œuvre, Jacqueline de Romilly a toujours défendu « une certaine idée de la Grèce » – titre d'un recueil d'entretiens avec Alexandre Grandazzi (2003). Méthodiquement, avec autant de flamme que d'élan pédagogique, elle n'a cessé de mettre en lumière les valeurs et notions qui fondent la pensée grecque : la raison (Histoire et raison chez Thucydide, 1956), le tragique (L'Évolution du pathétique, d'Eschyle à Euripide, 1961 ; La Tragédie grecque, 1970), la loi (La Loi dans la pensée grecque, des origines à Aristote, 1971), la démocratie (Problèmes de la démocratie grecque, 1975). Ces valeurs, elle s'efforcera non seulement d'en décrire la formation au moment du « miracle grec », mais aussi d'en affirmer la validité et la persistance jusqu'à notre époque. Il existe ainsi un lien très étroit entre ses travaux d'helléniste, le besoin qu'elle eut de les faire partager au plus grand nombre, et les combats à répétition – très tôt commencés – qu'elle mena en faveur de l'enseignement du grec et du latin dans les lycées, mais aussi de l'enseignement du français et du patrimoine littéraire. Le débat de fond étant celui-ci : la tradition classique de l'humanisme intéresse-t-elle l'humanité de tous temps et de tout pays ou bien n'a-t-elle été qu'une des formes de l'esprit et l'attribut d'une certaine époque ? Avec une belle obstination, Jacqueline de Romilly affirmait la pérennité et l'universalité de cette tradition et sa puissance civilisatrice. Elle ajoutait que celle-ci, pour ne pas demeurer « langue morte », avait sans cesse besoin d'être à nouveau reconnue par ses potentiels héritiers. Dans un recueil dirigé en collaboration avec Jean-Pierre Vernant, Pour l'amour du grec (2000), elle écrit ainsi : « Ces valeurs ne s'acquièrent que dans un contact prolongé avec tous les hommes qui nous ont précédés, et surtout ceux qui ont médité ces[...]

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Jacqueline de Romilly - crédits : Marc Gantier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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