DELUBAC JACQUELINE (1907-1997)
Jacqueline Basset naît le 27 mai 1907 dans le VIe arrondissement de Lyon, d'une famille de soyeux garants d'une éducation solide et raffinée. À la mort de son père, alors qu'elle n'est encore qu'une enfant, elle part vivre à Valence avec sa mère. Provinciales, l'une et l'autre rêvent de Paris et de théâtre et finissent par débarquer dans la capitale, pour s'y fixer, à la fin des années 1920.
En dépit des cours de danse où elle excelle, Jacqueline, qui adopte le nom de sa mère, Delubac, piétine pourtant. Charmante, elle mise sur son visage triangulaire, son sourire, ses yeux bleus et sa belle chevelure noire. Beaucoup de distinction, de la grâce et de l'optimisme. On la voit au music-hall imiter Joséphine Baker ou donner la réplique à Georges Carpentier. Elle passe au théâtre dans une revue de Rip, décroche un petit rôle dans Étienne de Jacques Deval et apparaît furtivement au cinéma. Robert Trébor, directeur de la Madeleine, la remarque et l'aiguille vers Sacha Guitry, qui recherche une actrice pour une courte pièce : Villa à vendre (1931).
Le couple célèbre Guitry-Yvonne Printemps est au bord de la rupture. L'auteur-acteur adulé se doit de réagir. Jacqueline Delubac le charme par sa beauté, mais aussi par sa timidité. Il sera son Pygmalion. Le 5 avril 1933, Jacqueline fait ses débuts officiels dans Châteaux en Espagne. Le Tout-Paris lui accorde son examen de passage avec mention honorable. Durant cinq ans, elle passe d'un rôle à l'autre.
C'est une période euphorique pour Guitry. Les productions théâtrales se succèdent : Le Nouveau Testament, La Fin du monde, Quadrille, sans compter les reprises d'anciens succès. Il épouse Jacqueline Delubac le 21 mai 1935, et elle va l'entraîner dans le tourbillon du cinéma. D'abord réticent, il se laisse convaincre, improvise pour elle un film ravissant, Bonne Chance (1935), et découvre le plaisir de tourner suivant sa fantaisie. Il filme ses pièces en une semaine et Le Mot de Cambronne (1936) en une demi-journée. Jacqueline Delubac est chaque fois sur la brèche : Le Nouveau Testament (1936), Le Roman d'un tricheur (1936), Faisons un rêve (1937), Les Perles de la couronne (1937), Désiré (1937), Quadrille (1938). Elle affine l'originalité de son jeu qui déconcerte les tenants de l'emphase à la Sacha Guitry. Elle sait écouter. Son maintien, l'éclat de ses toilettes, son espièglerie apaisent réticences et jalousies. Cependant, elle s'ennuie dans la cage dorée que son mari surveille. Intelligente, très équilibrée, elle aspire à vivre librement.Avant de divorcer, elle prend congé en 1938 du cinéma de Sacha avec Remontons les Champs-Élysées, du théâtre de Guitry avec Un monde fou. Plus tard, elle consacrera à son ex-mari un livre malicieux : Faut-il épouser Sacha Guitry ?
Jacqueline Delubac poursuit sa carrière d'actrice. Georg Wilhelm Pabst (Jeunes Filles en détresse, 1939), Maurice Tourneur (Volpone, 1939), Marcel L'Herbier (La Comédie du bonheur, 1940) la réclament. D'autres aussi : Léon Mathot, Alexandre Esway. En 1941, elle écoute chanter Tino Rossi dans Fièvres, de Jean Delannoy. On la reverra encore dans d'autres films indignes de son talent. Vers 1950, elle dit adieu à la scène où elle avait été l'interprète de Henry Becque et de Stève Passeur. Elle se consacre dès lors aux mondanités et à sa passion pour la peinture. Sa ville natale a hérité de sa collection de tableaux après sa mort.
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Écrit par
- Raymond CHIRAT : historien de cinéma
Classification
Média