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LAMBA JACQUELINE (1910-1993)

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La peintre française Jacqueline Lamba, longtemps réduite à son statut de muse d’André Breton, a vu par la suite son œuvre pictural réévalué.

Née le 17 novembre 1910 à Saint-Mandé dans une famille bourgeoise, Jacqueline Lamba grandit entre Le Caire et la France. Elle apprend la diction, la musique, la danse et le dessin et visite souvent les musées. Très tôt, elle participe aux réunions du Parti communiste français – son engagement politique ne se démentira plus. Elle s’inscrit à l’école de l’Union centrale des arts décoratifs (1926-1929), où elle fait la connaissance de Dora Maar qui devient une de ses amies les plus proches, puis fréquente l’atelier d’André Lhote. Elle peint et dessine, sous influence symboliste ou dans un style art déco très en vogue (L’Ange heurtebise, 1927, San Francisco, Weinstein Gallery), et publie dans une revue quelques photographies. Sa curiosité la pousse à de nombreuses lectures – Marcel Proust, Jean Cocteau ou encore Sigmund Freud. En mai 1934, marquée par la découverte des Vases communicants d’André Breton, elle provoque sa rencontre avec l’écrivain dans un café parisien où se réunissent les surréalistes. Ils se marient dès le mois d’août. Breton fera d’elle, en 1937, la figure centrale de son livre L’Amour fou. Mais les rôles de muse et bientôt de mère laissent Jacqueline Lamba insatisfaite. Au cours des années 1930, malgré ses obligations familiales, elle aspire à créer. Elle prend part aux activités du groupe surréaliste et expose à l’occasion de manifestations collectives (Expositions internationales du surréalisme de Tenerife et de Tokyo, 1935 et 1937 ; Exposition surréaliste d’objets, Paris, galerie Charles Ratton, 1936 ; etc.). Dans les catalogues, quand son nom n’est pas omis, elle apparaît comme « Jacqueline B ». Rares sont les œuvres de cette époque à nous être parvenues, certaines ayant été détruites par l’artiste, d’autres ayant disparu après sa séparation d’avec Breton en 1942. On recense des objets (Pour la poche, 1935, coll. part.), des cadavres exquis et quelques peintures, à l’exemple du saisissant Portrait d’André Breton en Saint-Just (1937, coll. part.).

En 1938, Jacqueline Lamba et André Breton séjournent au Mexique où ils fréquentent Diego Riviera, Frida Kahlo, Léon et Natalia Trotsky. En 1941, le couple quitte la France occupée et s’exile avec d’autres à New York. La jeune femme y fait la connaissance d’un photographe et futur sculpteur, David Hare, qu’elle épouse en 1946. Elle s’installe avec lui dans le Connecticut où elle dispose d’un atelier. Elle peut désormais se consacrer pleinement à son art. Elle prend part à 31 Women(1943), manifestation organisée par Peggy Guggenheim dans sa galerie Art of This Century, avant de bénéficier de sa première exposition personnelle à la Norlyst Gallery (1944) – d’autres suivront aux États-Unis puis en France en 1948, 1951, 1957 et 1958. Jacqueline Lamba rédige alors un manifeste dans lequel elle défend l’automatisme, la sécheresse des formes et la primauté de la lumière. Au cours de ces premières années américaines, marquée par le Sud-Ouest américain et les cultures navajo et pueblo, elle contribue au développement d’une voie singulière au sein du surréalisme, celle d’une géométrisation qui confine à l’abstraction. Mais elle se détourne peu à peu du groupe pour donner à la nature une place grandissante.

De retour en France en 1951, elle prend des cours à l’Académie de la Grande Chaumière. Son style redevient figuratif, influencé par Henri Matisse et Pablo Picasso, son ami. Au tournant des années 1960, de plus en plus solitaire, elle se consacre désormais et exclusivement au paysage, rural ou urbain. À partir de 1963 et jusqu’en 1980, elle passe tous les étés à Simiane-la-Rotonde, village des Alpes-de-Haute-Provence, d’où elle ramène des dizaines de[...]

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Écrit par

  • : docteure en histoire de l'art contemporain, historienne de l'art, auteure

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