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AVED JACQUES ANDRÉ JOSEPH (1702-1766)

Incomparablement moins célèbre que Chardin dont il fut l'ami fidèle, Jacques André Joseph Aved manifeste par la place de son œuvre dans la peinture française du xviiie siècle une tendance de goût comparable. Peintre de formation plus hollandaise que française, il resta un artiste bourgeois, dans sa clientèle et dans ses sujets, à l'écart des grandes commandes officielles.

Aved naît à Douai et reçoit sa formation à Amsterdam. En 1721, il arrive à Paris ; il sera académicien en 1734. Exposant au Salon, fréquentant à l'occasion de grands seigneurs comme le comte Tessin, il mènera toutefois une existence paisible dont on trouve le reflet dans sa peinture. Son œuvre la plus fameuse est sans conteste le Portrait de Mme Crozat (1741, musée de Montpellier), qui fut quelquefois attribué à Chardin lui-même. Le tableau nous montre une bourgeoise chez elle, assise devant son métier à tapisserie ; sa robe de soie, son bonnet de dentelle, le bijou qui orne sa main soignée indiquent l'aisance. Mais ce qui frappe le plus est, dans un visage un peu gras, le pincement léger de la bouche et des narines, ou l'acuité du regard, dirigé non pas vers le spectateur mais vers quelque interlocuteur que l'on ne voit pas. Si l'on ne trouve pas dans un tableau de ce genre la séduction de matière d'un Hubert Drouais, il faut en revanche y reconnaître un sens de la réalité quotidienne et du caractère individuel des êtres qui correspond au goût exprimé par Diderot.

— Georges BRUNEL

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris

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Autres références

  • CHARDIN JEAN-BAPTISTE SIMÉON (1699-1779)

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    • 2 786 mots
    • 5 médias
    Peut-être l'influence toute flamande du portraitiste Aved décida-t-elle Chardin à ne point se limiter à la seule peinture des objets ; peut-être aussi Chardin fut-il sensible à ce qu'Aved, un jour, lui aurait dit qu'il est « plus difficile de peindre un portrait qu'un cervelas ».