ANQUETIL JACQUES (1934-1987)
Jacques Anquetil compte parmi ceux dont les exploits répétés ont donné au cyclisme ses lettres de noblesse, et les spécialistes unanimes le considèrent, avec Alfredo Binda, Fausto Coppi, Eddy Merckx, Bernard Hinault ou Miguel Indurain, comme l'un des très grands champions de l'histoire de ce sport.
Né le 8 janvier 1934 à Mont-Saint-Aignan, le Normand Jacques Anquetil s'était révélé d'une manière fulgurante en 1953, à l'âge de dix-neuf ans, en améliorant d'entrée de jeu le record du Grand Prix des nations contre la montre, détenu jusqu'alors par l'illustre Suisse Hugo Koblet. Il allait se produire sur les routes et les pistes jusqu'en 1969. Entre-temps, il s'était constitué un palmarès considérable où figurent, entre autres, le Grand Prix des nations à neuf reprises (1953, 1954, 1955, 1956, 1957, 1958, 1961, 1965, 1966), le record du monde de l'heure (1956), le Tour de France (1957, 1961, 1962, 1963, 1964), le Tour d'Italie (1960, 1964), le Tour d'Espagne (1963), Gand-Wevelgem (1964), Liège-Bastogne-Liège (1966), Paris-Nice (1957, 1961, 1963, 1966), et la totalité des épreuves contre la montre de caractère international.
Sa longue et brillante carrière fut longtemps marquée par la rivalité aiguë qui l'opposa à Raymond Poulidor dans les années 1960, et qui partagea la France en deux clans d'irréductibles : les « anquetiliens », d'une part, et les « poulidoristes », de l'autre. Coureur célèbre, mais très réservé dans ses élans envers le public, Anquetil ne devint très populaire qu'en 1965, après avoir gagné Bordeaux-Paris au lendemain de sa victoire dans un Critérium du Dauphiné libéré rendu extrêmement difficile par la conjonction du parcours très montagneux et des intempéries quotidiennes.
De ce jour, « Maître Jacques » devint le champion bien-aimé des foules, qui lui étaient reconnaissantes d'avoir renoué avec l'épopée des temps héroïques du cyclisme. Le jour de la retraite venu, les médias lui offrirent la possibilité de nombreuses collaborations (L'Équipe, Europe 1, Antenne 2). De son côté, la Fédération française de cyclisme le désigna pour occuper le poste de directeur technique à la tête de l'équipe nationale pour les championnats du monde.
L'histoire retiendra que le chemin parcouru par ce Normand issu de la terre a été jalonné d'exploits. Sa forte personnalité débordait du cadre des chroniques habituelles. Chez les gens de sport, il apparaissait comme une sorte de phénomène, car il parvenait à obtenir des résultats fantastiques, en défendant son indépendance, et sans jamais céder d'un pouce quant à ses habitudes. Le contraste que l'on relevait entre son apparente fragilité physique et sa résistance dans la compétition accréditait encore davantage cette idée de phénomène. Avec son cœur énorme, sa capacité pulmonaire hors du commun et l'extraordinaire souplesse de sa musculature, Jacques Anquetil était fait pour atteindre aux plus hauts rendements athlétiques.
Sur le plan mental, il était l'adversaire des opérations hasardeuses, mais son orgueil l'amena parfois à relever des défis insensés, à vélo et dans sa vie privée. Sa nature le conduisait à sacrifier la « glorieuse incertitude du sport » aux impératifs d'un plan rigoureux établi en fonction de ses besoins matériels. À cet égard, on notera qu'il a souvent réalisé ses grandes performances au lendemain d'un revers.
Parce qu'il tendait à vivre le plus possible – et le plus souvent possible – comme « monsieur tout-le-monde », allait naître la légende d'un Anquetil désinvolte, un peu trop porté sur la fête. En réalité, peu de coureurs auront coulé des jours aussi « bourgeois », et rares sont ceux qui auront bénéficié d'une vie aussi bien ordonnée. La différence avec les autres coureurs venait[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre CHANY
: ancien journaliste à
L'Équipe
Classification
Médias
Autres références
-
GEMINIANI RAPHAËL (1925-2024)
- Écrit par Pierre LAGRUE
- 349 mots
Coureur cycliste français né le 12 juin 1925 à Clermont-Ferrand. Personnalité haute en couleur, surnommé le « Grand Fusil », Raphaël Geminiani fut une figure du peloton durant les années 1950. Il se classe deuxième du Tour de France en 1951 (en remportant le classement du meilleur grimpeur) à 22...
-
POULIDOR RAYMOND (1936-2019)
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Pierre LAGRUE
- 1 021 mots
- 1 média
Le coureur cycliste français Raymond Poulidor est né le 15 avril 1936 à Masbaraud-Mérignat dans une famille de métayers alors installés dans la Creuse avant de gagner Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne). Il reçut le surnom d'« éternel second », bien qu'il comptât à son palmarès des victoires dans...
-
SPORT (Disciplines) - Le cyclisme
- Écrit par Pierre LAGRUE
- 10 242 mots
- 16 médias
Louison Bobet et Raphaël Geminiani absents en 1957, l'équipe de France est construite autour d'un nouveau venu, Jacques Anquetil. Pour sa première participation, le Normand remporte le Tour. Il va marquer l'épreuve de son empreinte des années durant, et sera le premier champion à se forger...