BABINET JACQUES (1794-1872)
Physicien français, Jacques Babinet est né à Lusignan (Vienne) le 5 mars 1794 et mort à Paris le 21 octobre 1872. Après des études à Poitiers complétées par une année au lycée impérial Napoléon à Paris, il entre en 1812 à l'École polytechnique. Professeur de mathématiques à Fontenay-le-Comte (Vendée) en 1816, puis de physique au Collège royal de Poitiers l'année suivante, il épouse en 1820 la fille d'André Laugier, professeur et administrateur du Muséum d'histoire naturelle, et s'installe à Paris, où il enseigne la physique au collège Saint-Louis et côtoie les grands physiciens français de l'époque : Augustin Fresnel, André Marie Ampère et François Arago. Examinateur de sortie à Polytechnique à partir de 1831, membre de l'Académie des sciences dès 1840, bibliothécaire du Bureau des Longitudes puis astronome à l'Observatoire de Paris, Babinet mêlera ses travaux scientifiques et son enseignement à une vie publique qui lui amènera une grande notoriété.
En 1822, Babinet publie avec Ampère un Exposé des nouvelles découvertes sur l'électricité et le magnétisme. En 1827, ayant repris et approfondi les travaux de l'opticien allemand Joseph von Fraunhofer sur la diffraction de la lumière par les réseaux, il montre que l'observation des franges d'interférence permet d'étalonner les longueurs de façon très précise, suggestion qui ne sera adoptée qu'en 1960 avec la définition du mètre à partir de la longueur d'onde d'un rayonnement des atomes de Krypton.
La carrière de Babinet se distingue particulièrement par les nouveautés qu'il introduit dans le domaine de l'instrumentation scientifique. Dès 1824, il équipe l'hygromètre de Horace de Saussure, destiné à mesurer l'humidité de l'air, d'un système de lecture par microscope et vis micrométrique qui en améliore sensiblement les performances. En 1830, l'Académie royale des sciences le récompense pour un perfectionnement important de la machine pneumatique de Robert Boyle qui permet d'obtenir un vide plus poussé sous une cloche de verre. En 1839, Babinet réalise un nouveau type de goniomètre destiné à mesurer les angles dièdres des cristaux ; portable et maniable, il permet aussi de mesurer la déviation de la lumière par un prisme et sera utilisé vers 1860 par Gustav Kirchhoff et Robert Bunsen pour une analyse spectroscopique des corps introduits dans une flamme.
Vulgarisateur de talent, il écrit régulièrement dans le Journal des débats, quotidien national à grand tirage, et dans la Revue des deux mondes avec un style mêlant humour et érudition. Il donne aussi de nombreuses conférences et participe au militantisme scientifique et positiviste de son temps.
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Écrit par
- Bernard PIRE : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau
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