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BOURCART JACQUES (1891-1965)

Naturaliste de formation, Jacques Bourcart consacra une grande partie de sa vie à la géologie classique en y faisant preuve d'un esprit novateur et anticonformiste. Au cours de ses recherches sur le Quaternaire du Maroc, il aborda les problèmes littoraux et écrivit une œuvre d'une profonde réflexion : Essai sur les régressions et les transgressions marines (1938) ; ainsi commença une deuxième carrière féconde, toute au service de l'océanographie. Durant l'occupation allemande, sa vocation de géologue marin se renforça de celle de résistant et il dirigea et réalisa lui-même des études sur les plages et les estuaires, lieux possibles du débarquement des Alliés. Après la guerre, il dédia le reste de sa vie à cette science neuve et attirante qu'est l'océanographie, à laquelle il consacra plusieurs ouvrages : Océanographie, 1953 ; Le Fond des océans, 1954 et 1961 ; La Connaissance des profondeurs océaniques, 1964.

De son œuvre vaste et féconde, on peut retenir sa « classification raisonnée des sédiments » s'opposant à une réduction en chiffres des réalités concrètes des sédiments : « Il n'est pas possible de grouper la totalité des sédiments meubles dans une classification continue allant des galets aux particules microscopiques qui constituent les argiles. Une pareille classification [...] est totalement artificielle et ne correspond en rien aux propriétés des « ensembles » qu'elles constituent. C'est la prédominance dans l'étendue d'un certain domaine dimensionnel du faisceau des propriétés physiques qui y règnent qui peut justifier l'existence de classes indépendantes. »

Après avoir posé son principe de classification raisonnée, J. Bourcart étudia chacun des groupes sédimentaires dont il avait reconnu l'unité, sans jamais oublier la comparaison avec les roches anciennes et en abordant les problèmes du transfert et du dépôt de ces particules dans l'eau. Ainsi restait-il au carrefour de la géologie classique, de la géographie physique et de la géologie dynamique (Les Mécanismes de l'érosion, 1954, et L'Érosion des continents, 1957). En Méditerranée, Bourcart entreprit avec ses collaborateurs l'étude de la mer des Hespérides, bassin cerné par l'Espagne, l'Algérie, la Sardaigne, la Corse et la côte française, en effectuant des sondages bathymétriques et des prélèvements d'échantillons (Carte topographique du fond de la Méditerranée occidentale, 1960). Simultanément (Problèmes de géologie sous-marine, 1958), il cherchait une explication aux canyons sous-marins. Il les considéra comme des vallées terrestres actuellement ennoyées, mais il fallait alors envisager des variations de 2 000 à 3 000 mètres du niveau marin. À ce problème difficile il appliqua avec bonheur sa théorie, conçue dès 1926, de la flexure continentale : entre deux compartiments, l'un soulevé, l'autre affaissé, passe un axe de flexure qui, en migrant dans les terres, fait qu'une vallée occupée par un fleuve s'enfonce sous la mer, devient un canyon sous-marin, jusqu'à des profondeurs considérables, sans que le niveau marin change dans le monde entier. Il étudia aussi le rôle sédimentaire actuel des canyons sous-marins, lieu de passage de courants de turbidité ; un remplissage récent, semblable aux flyschs, s'y produit.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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  • CANYONS SOUS-MARINS

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    Mais d'autres propositions eurent plus de succès, telle celle de la flexure continentale proposée par le géologue marin français Jacques Bourcart dans les années 1950, qui soulignait que le modelé des canyons sous-marins – et surtout ceux de Méditerranée, qu'il connaissait particulièrement bien...