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BREL JACQUES (1929-1978)

Les adieux au music-hall

Même si, en 1954, Juliette Gréco chante Le Diable (Ça va !), Jacques Brel va devoir attendre le troisième album pour s'imposer : il en vend quarante mille en deux mois et Quand on n'a que l'amour est couronné en 1957 par le grand prix du disque de l'Académie Charles-Cros.

À partir de ce moment, son succès ira croissant. Il s'entoure de compositeurs et d'arrangeurs hors pair, François Rauber et Gérard Jouannest. Il tourne à perdre haleine, en France, au Canada, en Afrique du Nord, partout où on le demande. Il accumule les galas et apprend son métier. En décembre 1958, il assure la première partie du spectacle de Philippe Clay à l'Olympia et se révèle un extraordinaire homme de scène. En 1959, il sort La Valse à mille temps et Ne me quitte pas. Les tournées s'enchaînent à un rythme d'enfer. Les années 1950 se terminent brillamment pour Jacques Brel, qui a abandonné sa guitare et chante désormais en maîtrisant totalement ses capacités d'interprète.

En ce début d'année 1960, Brel chante en U.R.S.S., aux États-Unis, au Moyen-Orient et sillonne la province française. Il mène une vie épuisante, entre tournées, nuits blanches, conquêtes féminines, alcool et tabac. Il quitte Canetti et Philips pour signer avec Eddie Barclay un contrat « à vie ».

Jacques Brel à l'Olympia, 1964 - crédits : D. Frasnay/ AKG-images

Jacques Brel à l'Olympia, 1964

Il reviendra à l'Olympia en octobre 1961. Là, engagé pour remplacer Marlene Dietrich, il connaît un véritable triomphe et obtient de la presse et du public ses galons de vedette incontestée. Il retrouvera cette salle en février 1963, en octobre 1964 et, le 1er novembre 1966, il y fera ses adieux au music-hall. Il a trente-sept ans. Il justifie ce départ à longueur d'interviews, expliquant qu'il n'a plus rien à dire, qu'il est devenu trop habile et qu'il se refuse de tricher avec le public.

Malgré une carrière courte et un retrait précoce de la scène, les disques de Brel n'ont cessé de se vendre, tandis que les radios continuaient de le programmer. Ses thèmes sont peu nombreux : l'anticléricalisme, l'antimilitarisme, l'amitié – qui reste la valeur la plus sûre –, la mort et, surtout, la femme. Dans Les Biches, il dit : « Elles sont notre premier ennemi [...] Elles sont notre plus bel ennemi [...] Elles sont notre pire ennemi [...] Elles sont notre dernier ennemi. » Mais, malgré une misogynie omniprésente, il a su chanter l'amour de façon touchante : Orly, La Chanson des vieux amants... Chez lui, « la femme est figée en putain, en être angélique, en femme soumise », résume Olivier Todd dans son livre Jacques Brel, une vie, mettant à jour les contradictions de cet homme à fleur de peau dans ses rapports amoureux.

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Jacques Brel - crédits : Keystone/ Getty Images

Jacques Brel

Jacques Brel à l'Olympia, 1964 - crédits : D. Frasnay/ AKG-images

Jacques Brel à l'Olympia, 1964