BROSSE JACQUES (1922-2008)

Esprit à la fois curieux de tout et contemplatif, Jacques Brosse a été philosophe, historien du christianisme, naturaliste amateur et mystique. Fils d'une famille de la bourgeoisie industrielle, il est attiré dès l'adolescence par l'ésotérisme, la gnose et fréquentera un peu l'ordre martiniste. Il apprend le chinois, s'inscrit en droit, suit les cours du philosophe Jean Wahl. Réfractaire au S.T.O., il passe en Suisse en 1943, d'où il gagne les États-Unis. Fonctionnaire de 1947 à 1953, il entre alors aux éditions Robert Laffont. Installé à partir de 1956 dans une ancienne forge normande de l'Eure, il y crée une sorte de refuge pour animaux. Pionnier de l'écologie, il défend la solidarité du vivant, milite pour la protection de la nature contre l'homme. Son premier essai philosophique L'Ordre des choses (1958), est salué par Claude Lévi-Strauss. L'Homme dans les bois (1976) et Le Chant du loriot, ou l'Éternel Instant (1990) exaltent une vision holistique de la nature, dont témoigne aussi sa passion pour les arbres : les points de vue botaniques, religieux et mystiques fusionnent dans Mythologie des arbres (1989) et L'Arbre et l'Éveil (1997). Jacques Brosse expérimentera en compagnie d'Henri Michaux et d'Alan Watts les drogues, notamment le LSD. Après le choc de mai 1968, il part pour l'Inde à la découverte du yoga. De retour de ces tribulations, il est initié en France par un maître zen de l'école sōtō, Taisen Deshimaru. Ordonné moine en 1975, il succède à ce dernier en 1982. Il explore les voies d'une méditation qui transcenderait les confessions, notamment dans Les Maîtres spirituels (1989), Zen et Occident (1992). Traducteur du poète zen Dōgen, il rédige aussi sa biographie, en 1998. Il est aussi l'auteur d'une imposante Histoire de la chrétienté d'Orient et d'Occident (1995).

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS