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CHABAN-DELMAS JACQUES (1915-2000)

Général à vingt-neuf ans, député radical à trente et un ans, maire de Bordeaux durant quarante-sept ans, ministre de Mendès France, Premier ministre de Georges Pompidou, Jacques Chaban-Delmas a été aux premiers rangs de la vie politique durant un demi-siècle. À sa mort, survenue le 10 novembre 2000, les drapeaux en berne au Palais-Bourbon ont salué la mémoire de celui qui avait présidé l'Assemblée nationale durant près de seize années. Sous deux Républiques, il fut, selon Jean Lacouture, le « sourire du gaullisme ».

Né à Paris le 7 mars 1915, Jacques Delmas est journaliste stagiaire à L'Information économique et financière en 1933 et poursuit en parallèle des études de droit et de sciences politiques. Officier de réserve formé à Saint-Cyr au début de la guerre, il choisit de résister au sein de l'Organisation civile et militaire. Devenu inspecteur des finances, il est en 1943 l'adjoint du délégué militaire de la région parisienne ; arrestations et morts conduisent à sa nomination comme délégué militaire national en 1944. En août, le général Chaban défend l'idée de la trêve des combats dans Paris avant d'y escorter le général Leclerc et de faire admettre qu'il convient d'associer le colonel F.T.P. Rol-Tanguy à la signature de la reddition allemande. « C'est bien Chaban ! », consentira le général de Gaulle avant de le nommer compagnon de la Libération et d'en faire, en 1945, le secrétaire général du ministère de l'Information.

Député de la Gironde à partir de novembre 1946 et toujours réélu jusqu'en 1993, il est ministre des Travaux publics de Mendès France en 1954-1955. Gaulliste se voulant « préposé à l'infiltration » du système avec ses républicains sociaux, il se met en congé de ministère quand le vote de la C.E.D. est proposé ; ministre d'État de Guy Mollet en 1956, il obtient de poursuivre les travaux de la bombe A. Ministre de la Défense nationale en 1957-1958, ce « Bonaparte gai » (François Mauriac) dispose d'une antenne à Alger où Léon Delbecque et Lucien Neuwirth contribuent à l'appel lancé au général de Gaulle le 13 mai 1958. Organisateur de l'Union civique pour la Ve République, Chaban est élu président de l'Assemblée nationale le 9 décembre 1958, contre Paul Reynaud, candidat du général. Il reste au « perchoir » jusqu'en 1969 et le retrouve de 1978 à 1981 puis de 1986 à 1988.

Commensal assidu du déjeuner des barons, il prépare l'après-gaullisme avec Georges Pompidou, qui le nomme Premier ministre dès juin 1969. Déplorant la morosité ambiante, il s'allie aux centristes de Jacques Duhamel et annonce une « nouvelle société ». Les idées de son conseiller Jacques Delors et la libéralisation de l'information suscitent de vives critiques dans sa majorité. S'il obtient la confiance de 368 députés le 24 mai 1972, il doit démissionner le 5 juillet suivant ; il se jugera victime d'une conjuration élyséenne menée par Marie-France Garaud et Pierre Juillet.

Replié sur son Sud-Ouest, celui qu'on qualifia parfois de duc d'Aquitaine présida le conseil régional de 1974 à 1979 et de 1985 à 1988. Il tint longtemps sa ville et sa région dans un « système Chaban » qui devait beaucoup aux méthodes du radicalisme.

Contestant être « ce marathonien des week-ends courant d'un quartier à l'autre pour serrer des mains, faire les marchés et mobiliser les bistrots », il favorisa l'expansion du tertiaire (30 000 postes créés de 1975 à 1990, compensant la perte de 15 000 emplois industriels).

Inamovible maire de Bordeaux de 1947 à 1995, président de la communauté urbaine dès 1967, initiateur du Mai musical et du centre d'art contemporain plastique, il consacra à la culture plus de 20 p. 100 du budget municipal car il pensait que « l'égalité[...]

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Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

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