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CHIRAC JACQUES (1932-2019)

Les mandats de Jacques Chirac

À la différence de François Mitterrand, toutefois, le nouveau président ne profitera guère de l'« état de grâce » qui prolonge dans l'opinion la victoire électorale. Faut-il s'en étonner ? En fait, Jacques Chirac n'a que peu amélioré au premier tour du scrutin de 1995 ses scores de 1981 et de 1988, et l'élection présidentielle elle-même a, de façon générale, exprimé la réserve des Français à l'égard de la politique. On attendait pourtant du nouveau président, qui avait mené campagne sur le thème de la résorption de la « fracture sociale », l'affirmation rapide d'un projet et d'un style forts, porteurs de changement. C'est au contraire dans la durée longue que, au risque de se voir taxé d'immobilisme, Jacques Chirac, élu pour sept ans, libre de toute concurrence nationale, dégagé des mandats qui avaient si longtemps constitué son image (la mairie de Paris échoit à Jean Tiberi, la présidence du RPR à Alain Juppé dans un premier temps), choisit d'inscrire son action. Atteint dès l'automne de 1995 par l'impopularité du Premier ministre Alain Juppé, qu'il soutient sans réserve, il tente et perd, au printemps de 1997, le pari risqué de relancer la majorité en provoquant des élections législatives anticipées. Deux ans après son entrée à l'Élysée, il doit charger son rival socialiste Lionel Jospin de former le gouvernement et entamer avec lui, en reflet inversé des années 1986-1988, la troisième « cohabitation » de la Ve République. Fort d'une popularité constante en dépit des différentes « affaires » où son nom est cité, Jacques Chirac est devenu, à partir de la fin des années 1990, le véritable chef de l'opposition en raison de la désunion de la droite et est candidat à sa propre succession pour l'élection présidentielle de 2002.

Jacques Chirac - crédits : Diana Walker/ Time Life Pictures/ Getty Images

Jacques Chirac

Lionel Jospin - crédits : Pierre Boussel/ AFP

Lionel Jospin

Jacques Chirac en campagne, 2002 - crédits : Jack Guez/ AFP

Jacques Chirac en campagne, 2002

Bien qu'arrivé en tête du premier tour devant le candidat du Front national (16,86 p. 100) et celui du Parti socialiste (16,18 p. 100), il réalise le plus mauvais score jamais obtenu par un président sortant (19,88 p. 100). Entre les deux tours, le résultat de Jean-Marie Le Pen entraîne à travers le pays une mobilisation massive contre la montée de l'extrême droite. Fort du soutien de l'ensemble des forces attachées aux valeurs de la République, Jacques Chirac est réélu pour cinq ans, le 5 mai 2002, avec 82,21 p. 100 des suffrages exprimés contre 17,79 p. 100 pour son adversaire. La nette victoire de la droite aux législatives de juin, due notamment à la transformation du RPR en un grand parti, l'Union pour la majorité présidentielle (UMP), intégrant également les partis non gaullistes et destiné à soutenir l'action de Jacques Chirac, donne à celui-ci une confortable majorité pour gouverner.

Soutenu par une majorité de Français et par de nombreux pays, Jacques Chirac s'oppose, au début de son second mandat, à l'intervention américaine en Irak, allant jusqu'à menacer Washington d'utiliser le droit de veto de la France au Conseil de sécurité de l'ONU.

Si la crise irakienne provoque de vives tensions diplomatiques entre les États-Unis et la France, la posture « gaullienne » adoptée par le chef de l'État vaut à celui-ci une grande popularité en France. Sur le plan national, cependant, les réformes (retraites, décentralisation, assurance-maladie...) engagées par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin provoquent de nombreuses grèves et manifestations. L'impopularité du gouvernement entraîne une lourde défaite de la majorité aux élections cantonales et régionales de 2004. Jacques Chirac maintient cependant Jean-Pierre Raffarin dans ses fonctions.

Jacques Chirac décide d'organiser un référendum pour ratifier le traité constitutionnel européen le 29 mai 2005. Le non l'ayant nettement emporté,[...]

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Écrit par

  • : chef du service politique du Journal du dimanche
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Médias

Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac, 1969 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac, 1969

Jacques Chirac, 1977 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Jacques Chirac, 1977

Jacques Chirac - crédits : Diana Walker/ Time Life Pictures/ Getty Images

Jacques Chirac

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