CUJAS JACQUES (1520-1590)
Né à Toulouse dans une famille roturière mais aisée, Jacques Cujas fit dans sa ville natale des études d'humaniste puis de juriste. Il est à la faculté de Toulouse, entre 1537 et 1544, l'élève de Du Ferrier, l'ami de Bodin, qui alliait à une très solide maîtrise du droit romain la connaissance de l'hébreu. De 1544 à 1547, Cujas fortifie ses connaissances juridiques dans une retraite studieuse, puis, de 1547 à 1554, il assure un enseignement de droit romain à l'université de Toulouse. Il est d'autre part précepteur des deux fils aînés de Michel du Faur, juge mage à Toulouse, puissant personnage dans sa ville et à la cour du roi. Évincé du concours pour une chaire à Toulouse en 1554, il en accepte une à Cahors, petite université où il rencontre le juriste humaniste Antoine de Govea, qui contribua à fortifier Cujas dans la méthode historique qu'il appliquait au droit romain. En 1556, Cujas est nommé à Bourges par Marguerite de France, duchesse de Berry, mais il s'y heurte à l'opposition de Doneau, qui y enseignait depuis quatre ans, et de Le Douaren, doyen de la faculté, tous deux romanistes illustres. Obligé de quitter Bourges, il accepte d'aller à Valence (1557-1560), mais est rappelé à Bourges par Marguerite de France après la mort de Le Douaren. Il y enseigne de 1560 à 1566, en même temps qu'il poursuit la publication de Commentaires sur certains titres du Digeste et du Code. Devenue par son mariage duchesse de Savoie, Marguerite appelle Cujas à Turin en 1566. Peu séduit par le climat et par les usages italiens, Cujas regagne l'université de Valence, d'où il exerce une autorité incontestée de 1567 à 1575. Catholique d'origine, mais passé, pendant un temps au moins, au calvinisme, marié à la fille d'un médecin juif d'Avignon, Cujas, menacé par les querelles religieuses, quitte le Dauphiné et, après des péripéties multiples, où son courage ne fut pas éclatant, retrouve pour la troisième fois l'université de Bourges, où il termine sa carrière (1575-1590), au milieu des inquiétudes des luttes religieuses et songeant parfois à chercher refuge à Bologne pour y bénéficier de la protection de Grégoire XIII. L'œuvre de Cujas est considérable (dix volumes, Paris, 1658 et Venise, 1758). Elle est presque uniquement faite de commentaires de la compilation justinienne, dans lesquels la tradition médiévale des glossateurs est renouvelée par l'utilisation d'une méthode historique, empruntée aux humanistes. Cujas a poursuivi la recherche de manuscrits, dont il se fit, de façon suspecte, une belle collection ; il discute et critique les textes en philologue avant de les expliquer en juriste.
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Écrit par
- Jean GAUDEMET : professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de Paris, directeur d'études à l'École pratique des hautes études
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