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VORAGINE JACQUES DE (1228 env.-1298)

Dominicain, archevêque de Gênes, Jacques de Voragine est né à Varazze, petite ville du golfe de Gênes en Italie. Issu d'une famille modeste, il entra, à l'âge de seize ans, chez les Dominicains et fut nommé, en 1276, provincial de cet ordre en Lombardie. En 1287, alors que les talents de prédicateur de Jacques de Voragine étaient déjà connus, le pape Honorius II l'envoya dans la ville de Gênes afin qu'il tentât de réconcilier les partis ennemis qui s'entre-déchiraient alors en des luttes incessantes, les guelfes et les gibelins. La réussite ne fut pas totale, mais il fut sacré archevêque de Gênes en 1292. On peut attribuer à Jacques de Voragine un certain nombre d'œuvres : des sermons qui furent très souvent réimprimés dès 1484, une apologie des frères prêcheurs intitulée Defensio contra impugnantes Fratres Praedicatores (première édition à Venise, 1504) et une chronique de Gênes : Chronicon genuense ab originis urbis usque ad. ann. 1297.

 Mais Jacques de Voragine est surtout connu comme l'auteur de la Légende dorée ou Legenda aurea, qu'il serait plus exact de traduire par Légende d'or. Toutefois, de nombreux manuscrits et les premières éditions portent le titre d'Historia lombardica sive Legenda sanctorum, titre dont la première partie ne convient en fait qu'au chapitre clxxvi de l'ouvrage, chronique intercalée derrière l'histoire anecdotique du pape Pélage. Rédigée entre 1250 et 1280, sans que l'on puisse préciser davantage la date, cette vaste compilation d'histoires des vies et des martyres des saints mêlées d'épisodes de la vie du Christ a connu dès sa parution une grande vogue. Le manuscrit le plus ancien conservé à l'heure actuelle est le Codex Monacensis 13029 de la Staatbibliothek de Munich, manuscrit rédigé en 1282 au couvent de Prüfening près de Ratisbonne. Rapidement, ces manuscrits s'enrichirent d'enluminures (ex : Ms. fr. 183 et Ms. fr. 185 de la Bibliothèque nationale de Paris, tous deux datant du début du xive siècle), et dès le xve siècle le texte est imprimé à de nombreuses reprises. Mais la Légende dorée a été considérablement élargie et amplifiée pendant les premiers siècles qui suivirent l'apparition de l'œuvre, qui ne comportait primitivement que cent quatre-vingts légendes alors que certaines éditions du xve siècle en possèdent quatre cents. Le but de Jacques de Voragine ne fut certes pas d'ordre historique — l'ouvrage ne résiste d'ailleurs pas à la critique moderne —, mais bien plutôt d'ordre moral : l'élément sentimental et merveilleux constitue l'essentiel des épisodes. Voragine n'est pas l'auteur de ces histoires, mais il a compilé des sources antérieures souvent connues de seconde main, qu'il cite d'ailleurs comme preuves : évangiles apocryphes, tels ceux de Nicodème, textes de saint Augustin, de saint Jérôme, de Cassien, de Grégoire de Tours, entre autres. Parfois transcrites intégralement, ces sources sont le plus souvent tronquées, modifiées, formant finalement de curieux amalgames. On observe de très grands rapports avec le Speculum Historiale de Vincent de Beauvais, achevé en 1244 : la plupart des épisodes des vies des saints se retrouvent dans les deux ouvrages, et Jacques de Voragine cite lui-même Vincent, mais les textes des deux auteurs ne sont jamais identiques en tous points. Il est certain que l'ouvrage de Voragine a eu une influence considérable sur l'art du Moyen Âge dès la seconde moitié du xiiie siècle, et la multiplication des représentations de vies des saints, la multitude de scènes anecdotiques, le goût du détail familier et touchant en fournissent la preuve. Mais la gloire abusive qu'a connue la Légende dorée pendant tout le xixe siècle a quelque peu faussé la recherche sur l'iconographie[...]

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  • TARASQUE LA

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