FATH JACQUES (1912-1954)
Au-delà des innovations qu'il a introduites dans la couture, Jacques Fath a marqué son temps par son rayonnement personnel, par l'éclat dont il s'entourait : au cours de sa brève carrière, il a proposé à ses contemporains une image brillante et inspirée de la couture.
Entré par nécessité chez un agent de change, à l'issue d'études de commerce, et sentant naître en lui la vocation de la mode, il crée d'abord des chapeaux, puis ouvre un salon de couture en 1937, avec trois ouvrières. Ses robes les plus spectaculaires sont destinées à sa femme, Geneviève, d'une grande beauté, rencontrée en 1939. Jacques Fath adhère au style en faveur : robes et tailleurs stricts et structurés pour le jour, amples toilettes romantiques pour le soir. En 1940, le salon s'établit rue François-Ier, puis, en 1944, avenue Pierre-Ier-de-Serbie. Pendant les années de guerre et d'Occupation, le couturier s'est fait connaître par ses petites robes rustiques, pratiques pour aller à bicyclette.
Après la guerre, Jacques Fath s'impose à la fois comme créateur original (il lance la ligne « chasuble » : épaules accentuées, taille étranglée) et comme gestionnaire extrêmement avisé : il est alors le seul couturier sans commanditaire, sans subvention, sans dette. Sous la marque « Jacques Fath université », il crée des modèles de série, donnant une solution personnelle à la question alors débattue du rapport entre haute couture et prêt-à-porter. À partir de 1948, il se rend deux fois par an à New York pour composer des collections de prêt-à-porter, fabriquées et diffusées par l'Américain Joseph Halpert.
Dépourvu de formation technique, Jacques Fath ne sait ni coudre ni couper, mais il est parfaitement entouré, et son équipe compte des « premières d'atelier » chevronnées, comme Catherine Brivet, venue de chez Balmain. Parmi les créations les plus appréciées de Fath dans les années d'après-guerre, on citera ses tailleurs cintrés, à la coupe à la fois savante et stylisée, et ses robes de ville souvent constituées d'enroulements, de drapés, de fronces, qui témoignent d'une grande virtuosité, et que viennent corser des accessoires bien choisis : chapeaux insolents et parapluies-aiguilles. Le brio acrobatique de Fath l'autorise à tirer parti de toutes ses trouvailles, et même de ses erreurs : une jupe enfilée dans le mauvais sens, qui donne une silhouette d'amphore, une manche montée en sens inverse, sont parfois le départ de créations spectaculaires. Les mannequins de Fath sont de ravissantes jeunes femmes, très en vue. Deux d'entre elles seront des symboles de l'élégance gracile, piquante de la période : Sophie, qui épousera le producteur de cinéma Anatole Litvak, et Bettina, devenue plus tard la compagne du prince Ali Khan. Elles portent avec prestance et un rien de désinvolture les fameuses robes du soir en corolles, plissées, gaufrées, ou les fourreaux longs, fuselés, assortis de bijoux de fantaisie créés par Scemama. L'apport majeur de Fath à la couture est son goût pour les vêtements de fête, d'apparat et aussi son sens aigu de la publicité. Il est lui-même un maître de maison enjoué, et les bals costumés qu'il donne dans son château de Corbeville font école ; son entrée, costumé en Roi-Soleil, au bal donné par Charles de Beistegui, à Venise (1951), a marqué ses contemporains. Réputé pour sa cordialité, Fath est très lié avec les autres couturiers de la période, Balmain et Dior.
À partir de 1952, Fath doit lutter contre les symptômes de la maladie qui l'emportera, une leucémie. Après sa mort, le salon de couture est dirigé par sa veuve, mais il ferme ses portes en 1957.
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Écrit par
- Guillaume GARNIER : conservateur du musée de la Mode et du Costume, palais Galliera
Classification
Médias
Autres références
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NEW LOOK - (repères chronologiques)
- Écrit par Farid CHENOUNE
- 209 mots
1939 Le magazine américain Vogue proclame l'avènement de la silhouette « sablier » qui restaure le triptyque seins-taille-hanches et annonce le new look de Christian Dior.
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