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FOCCART JACQUES (1913-1997)

« Homme de l'ombre », « éminence grise », « deus ex machina » : comme tous ces personnages mystérieux et transformés de leur vivant en légende, « Foccart l'Africain », mort le 19 mars 1997 à l'âge de quatre-vingt-trois ans, avait accumulé les surnoms au fil d'une longue carrière. Une vie surtout marquée par son influence en Afrique, d'abord au service du général de Gaulle, puis de Georges Pompidou, et enfin de Jacques Chirac. Ironie de l'histoire, Jacques Foccart est mort au moment même où l'un de ses « protégés » les plus controversés, le maréchal Mobutu, devait quitter le pouvoir au Zaïre sous la pression d'une guérilla francophobe.

Jacques Foccart est né à Ambrières (Mayenne), en 1913. Il passe sa petite enfance aux Antilles, où il reviendra plus tard, au lendemain de la guerre, pour les besoins de la Safiex, une entreprise d'import-export de bananes et de fruits exotiques qu'il a conservée jusqu'en 1991. Ainsi a-t-il toujours gardé son indépendance économique. « Il était aux ordres du général, mais il ne dépendait pas de lui », a fait remarquer Alain Peyrefitte. La Seconde Guerre mondiale le surprend en Mayenne, où il est concessionnaire et exportateur pour Renault. Il monte un réseau de résistance, termine avec le grade de lieutenant-colonel, mais il ne rencontre de Gaulle qu'en 1945. Lorsque le fondateur de la France libre quitte le pouvoir, il lui demande de participer à la création du R.P.F. Il y est spécialiste des questions coloniales. Dernier secrétaire général du Rassemblement du peuple français, où il succède à Louis Terrenoire, Jacques Foccart aura, à la fin de 1954, la pénible tâche de mettre un terme à cette aventure.

Mais les liens entre les deux hommes ont été établis ; ils ne se distendront plus. En 1953, Jacques Foccart, qui est conseiller de l'Union française, organise deux grandes tournées en Afrique pour le général. Aussi, dès juin 1958, c'est tout naturellement qu'il le suit comme conseiller : à Matignon d'abord, puis l'année suivante, au secrétariat général de l'Élysée. En 1960, il est secrétaire général de la Communauté ; de 1961 à 1969, il porte le titre de secrétaire général à la Présidence de la République pour la Communauté et les Affaires africaines et malgaches.

C'est alors que naît la réputation sulfureuse de Jacques Foccart. Il surveille l'indépendance des pays africains et tente – au début avec succès – de placer et de protéger des amis de la France. Très vite, on voit sa main derrière le moindre coup d'État ou la plus petite mutinerie qui se produisent, à intervalles de plus en plus rapprochés, sur le Continent noir. Le Gabon, riche en pétrole et en matières premières, devient bientôt l'une de ses terres de prédilection. Au point que l'on parlera du pays d'Omar Bongo comme d'un « Foccartland ».

Son nom apparaît aussi en première ligne dans l'affaire Ben Barka, opposant marocain enlevé en 1965 en plein Paris. Foccart laisse dire, cultive son « personnage de l'ombre ». « Il était naturellement discret, dira Alain Peyrefitte, mais il est né dans une époque où le secret d'État était encore une discipline observée. »

Jacques Foccart ne néglige pas la politique intérieure. Il participe chaque mardi au déjeuner des « barons » du gaullisme (Debré, Pompidou, Chaban-Delmas, Frey, Malraux), à l'hôtel de Lassay. Il organise la grande manifestation gaulliste du 30 mai 1968 et supervise la création du très controversé S.A.C., le service d'ordre gaulliste.

Après la démission du général de Gaulle, Alain Poher, président de la République par intérim, l'écarte de l'Élysée car il le soupçonne d'avoir caché des micros pour l'espionner. Mais Georges Pompidou le rappelle très vite à son poste, tout en[...]

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Écrit par

  • : journaliste éditorialiste à Sud Ouest

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