FOUROUX JACQUES (1947-2005)
Rugbyman français. Né le 24 juillet 1947 à Auch, dans la ville basse – le quartier populaire –, Jacques Fouroux portera successivement les couleurs du club de sa ville natale, de Cognac et de La Voulte. Il aurait dû faire ses débuts en équipe de France en 1968 : retenu pour disputer le match France-Irlande, il est écarté en raison du forfait de Jo Maso, qui devait jouer demi d'ouverture, car les sélectionneurs souhaitent privilégier la complémentarité de la charnière lourdaise, formée par Jean-Henri Mir et Jean Gachassin. Il fait ses débuts internationaux le 29 avril 1972, face à l'Irlande. Mais, en concurrence avec Richard Astre – soutenu par la presse –, il ne s'impose pas comme titulaire. Ce n'est qu'en 1977 que ses qualités de meneur d'hommes lui vaudront de connaître le succès. Capitaine du XV de France, il réalise, avec les quatorze mêmes partenaires, le Grand Chelem dans le Tournoi des cinq nations : l'équipe a remporté ses quatre matchs sans concéder un seul essai, une performance jamais égalée. Jacques Fouroux impose son style : il s'appuie sur un pack de fer, privilégie la défense, et Jean-Pierre Romeu, le buteur, inscrit la majorité des points. Sa philosophie se situe aux antipodes du french flair, symbole durant des années du jeu de l'équipe nationale, et provoque bien des polémiques jusqu'à ce que, le 10 décembre 1977, il annonce son départ de l'équipe de France.
En décembre 1980, Jacques Fouroux devient l'entraîneur du XV de France. Une nouvelle fois, ses choix sont discutés : on lui reproche de préférer, pour le poste de demi de mêlée, le sobre Pierre Berbizier au talentueux Jérôme Gallion ; il innove en faisant effectuer les lancers en touche par le demi de mêlée ; il invente le concept du trois-quarts centre « technico-physique », ce qui l'amène à écarter Didier Codorniou ; conquête, puissance, impacts, défense sont les maîtres mots de son discours rugbystique. Les résultats seront au rendez-vous : durant l'ère Fouroux, le XV de France remporte six fois le Tournoi des cinq nations (dont deux Grands Chelems, en 1981 et en 1987) et dispute la finale de la première Coupe du monde en 1987.
En septembre 1990, il démissionne de son poste pour servir de nouvelles ambitions : il brigue la présidence de la F.F.R. Il en est déjà le vice-président, et Albert Ferrasse, qui le considère comme son « fils spirituel », voit en lui son successeur. Mais il n'est pas l'heure et le « Petit Caporal » est trop pressé. Sa manœuvre pour prendre le pouvoir échoue. Albert Ferrasse ne lui pardonnera pas son audace : après s'être allié à Jean Favre, il prépare l'élection de Bernard Lapasset à la présidence de la F.F.R.
Par la suite, Jacques Fouroux entraînera un temps le F.C. Grenoble, tentera vainement d'implanter le rugby à XIII à Paris, mais ne se remettra jamais de cet échec.
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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