BLONDEL JACQUES-FRANÇOIS (1705-1774)
Jacques-François Blondel appartient à une famille d'architectes français, mais il n'a aucune parenté avec l'architecte du xviie siècle Nicolas-François Blondel. Plus connu pour ses écrits que pour ses constructions, il fut l'un des grands théoriciens de l' architecture classique. La fermeté de ses doctrines, les traditions qui s'y perpétuent, comme les résistances qu'elles ont rencontrées, situent Blondel au centre d'une évolution qui s'étend sur plus d'un siècle.
Raison et discrétion en architecture
Au dire de l'architecte Franque, son ami, il fut l'élève de son oncle Jean-François. Selon l'amateur Antoine-Joseph Dezallier d'Argenville, il reçut aussi les leçons de l'ornemaniste Oppenord, mais les créations de ce maître n'ont pas trouvé grâce aux yeux de son élève, qui se borne à reconnaître en lui l'un des grands dessinateurs de son temps. Pourtant, le talent honorable de Jean-François Blondel et le génie d'Oppenord caractérisent bien le milieu qui entoura la formation et les premiers travaux de Jacques-François. L'esprit classique de Jules Hardouin-Mansart régnait encore sur l'architecture, mais la vague du goût rocaille se répandait dans l'ornement. À ses débuts, Blondel manifesta sa complaisance pour ce genre décoratif qu'il répudia plus tard, quand il rappelle son siècle à la sobriété et à la raison. Il gravait avec esprit et exécuta des planches pour la quatrième édition du traité d'architecture de d'Aviler, publiée en 1737. L'éditeur Mariette avait souhaité mettre l'ouvrage au goût du jour en y insérant des compositions demandées aux décorateurs du moment. Blondel eut ainsi l'occasion d'interpréter des esquisses de Nicolas Pineau, l'un des maîtres de la rocaille et le collaborateur de son oncle à l'hôtel de Rouillé. La même année 1737 paraît son premier ouvrage, Traité d'architecture dans le goût moderne, ou De la décoration des maisons de plaisance. Par maisons de plaisance, il faut entendre les châteaux, dont Blondel donne plusieurs projets. Les principes énoncés par cet architecte de trente-deux ans ne sont pas tous originaux, mais ils expriment l'idéal domestique d'une époque où le souci de l'intimité commence à l'emporter sur celui de l'apparat dans les maisons nobles et transformera bientôt l'architecture bourgeoise. Ennemi du faste indiscret, Blondel préfère souvent un groupe de sculptures à un fronton, un accès latéral à une allée tracée dans l'axe de la façade principale, un talus semé de gazon à un mur de soutènement. Dans les jardins, vases, fontaines, termes, niches de treillage seront placés avec économie et discernement. Une partie de ces agréments se dissimule sous le couvert des charmilles et dans le secret des « retraites », pour exciter la curiosité et ménager des surprises. La distribution intérieure réservera l'exposition la plus agréable aux pièces de compagnie et rendra légère la présence des serviteurs, tout en facilitant leur travail. Les miroirs, distribués avec parcimonie dans les antichambres, seront nombreux dans les pièces de compagnie où ils réfléchiront la perspective des jardins et, le soir, l'éclat des girandoles. Le cadre chantourné des lambris épousera la courbe des lits et des canapés. Malgré ces concessions au goût du jour, Blondel insiste en « honnête homme », comme son contemporain Boffrand, sur le principe de « convenance » qui s'impose à l'architecture. L'apparence et les dispositions du logis répondront à la fortune, à la livrée et au rang de l'usager. Les bâtiments d'exploitation seront plus bas et moins décorés que le logis seigneurial. Le constructeur emploiera de préférence les matériaux procurés par le terroir. À l'époque où le [...]
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Écrit par
- Michel GALLET : conservateur du Patrimoine en chef de la Ville de Paris, membre associé de l'Académie d'architecture
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