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SOUFFLOT JACQUES GERMAIN (1713-1780)

Ce fils d'avocat, né à Irancy (Yonne), est, avec son contemporain et ami Ange-Jacques Gabriel, l'un des plus grands architectes d'une époque fertile en grands artistes sur laquelle les historiens de l'art se sont tout particulièrement penchés au début de la décennie quatre-vingt (A. Braham, The Architecture of the French Enlightment, Londres, 1980, trad. franç., Paris, 1982 ; Caisse des monuments historiques, Soufflot et son temps, catal. expos., Paris, 1980) ; il y a pourtant de nombreuses différences dans le style des deux artistes. La sensibilité, l'imagination, une certaine inquiétude prédominent en Soufflot et influencent son style dans le sens de la grandeur et de la sévérité, avec un accent romantique déjà perceptible. Ses goûts aussi le distinguent de Gabriel, si classique et si mesuré. Il a retenu de ses deux séjours en Italie les leçons de Paestum et de l'Antiquité romaine, mais il a aussi étudié les édifices de la Renaissance et particulièrement les dômes et les coupoles. De plus, fait important, il admire l'architecture gothique pour la légèreté et l'économie de ses structures (les architectes du xviiie siècle, fins connaisseurs, seront des précurseurs, à cet égard, de l'admiration des romantiques pour le Moyen Âge). Tout cela compte dans son œuvre, où l'on peut déceler des emprunts à ces sources diverses, préfiguration de l'éclectisme, mais avec la marque souveraine du génie qui sauve tout.

À peine sorti de l'enfance, un appel irrésistible de l'Italie le jette sur les routes et il séjourne à Rome de 1731 à 1738. De retour à Lyon, il établit, en 1740, les plans de l'Hôtel-Dieu, édifice considérable, et réalise de nombreuses commandes privées (palais archiépiscopal, maison des Génovéfains) et publiques (construction du quai Saint-Claire, Loge au Change) qui ont fait l'objet d'un colloque organisé par l'université de Lyon II (L'Œuvre de Soufflot à Lyon, Presses universitaires, Lyon, 1982). En 1749, il est choisi pour accompagner en Italie, avec Cochin, le jeune Marigny, frère de Mme de Pompadour, qu'on destine à la surintendance des Bâtiments. Après un nouveau séjour à Lyon (plans de quelques hôtels particuliers et d'une salle de spectacle), il est appelé à Paris en 1755 et commence une carrière officielle sous la protection de Marigny : trésor et sacristie de Notre-Dame, École de droit, projets d'aménagement des Champs-Élysées et d'une place devant la colonnade du Louvre, percement d'une grande rue le long des Tuileries, projet repris pour la rue de Rivoli. Pour Marigny, il élève deux hôtels et les nymphées des châteaux de Ménars et de Chatou. Mais la grande œuvre est l'église Sainte-Geneviève, l'actuel Panthéon, « qui marque les débuts du style nouveau » (Hautecœur). De 1756 à sa mort, Soufflot va se consacrer à cet édifice au milieu de difficultés de toutes sortes et en butte aux attaques de Patte, qui met en doute la solidité de la construction. Soufflot ne verra pas l'achèvement des travaux, terminés en 1790 par son assistant Rondelet. Pendant la Révolution, Quatremère de Quincy supprime les tours, obstrue les fenêtres et efface une grande partie du décor pour donner au monument une austérité romaine.

— Jean-Jacques DUTHOY

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