HONDELATTE JACQUES (1942-2002)
Jacques Hondelatte est né le 10 mai 1942 à L'Absie (Deux-Sèvres), il est mort à Bordeaux le 2 février 2002. Diplômé de l'École d'architecture de Bordeaux en 1969, il travaille comme urbaniste-conseil à la Direction départementale de l'Équipement de la Gironde (1967-1969) et comme architecte-conseil au Centre d'étude de l'équipement (Cete) de Bordeaux (1969-1973). Pendant dix ans (1967-1977), il mène son activité d'architecte en association avec Jean-Claude Duprat et Laurent Fagart. Mais c'est en voyageant qu'il fera ses rencontres les plus décisives : après un séjour en Californie, où il visite le Sea Ranch de Charles Moore, il découvre en Égypte le célèbre architecte Hassan Fathy puis, à Londres, le fondateur du groupe Archigram, Peter Cook.
La première commande des trois associés est la maison Fargues, à Saint-Paul-lès-Dax (1970), qui se caractérise par un plan irrégulier, le caractère aléatoire de la succession des espaces, ainsi que par une toiture tombant jusqu'au sol. Dans ses réalisations suivantes (le Cete à Saint-Médard-en-Jalles en 1972, la maison Artiguebieille à Saint-Aubin-du-Médoc, 1973), Jacques Hondelatte continue à procéder de manière non conventionnelle ; il déclarera plus tard à ce propos : « Il ne faut jamais faire ce que l'on attend de vous. Si l'on vous demande une mairie, il faut faire une usine, une usine : une église, une maison : un garage. »
Ce goût de la provocation n'empêchera pourtant pas la reconnaissance, relativement tardive, de son travail. Après avoir livré plusieurs maisons, dix-neuf logements à Gages (Aveyron, 1975), un ensemble de 99 H.L.M. à Castres (1976), ou encore une clinique à Bordeaux (1976), Hondelatte demeure, malgré quelques publications, confiné dans un relatif anonymat. Il fonde sa propre agence à Bordeaux en 1978 et se fait remarquer par deux projets à forte charge symbolique et poétique, qu'il qualifiera lui-même de « mythogènes », pour mieux souligner combien ils résultent d'une expérience personnelle : la mairie de Léognan (Gironde, 1984) et la station thermale de La Léchère (Savoie, 1985). Non réalisés comme plusieurs dizaines d'autres projets, auxquels Hondelatte confère souvent la dimension de manifestes, ils contribuent néanmoins à l'imposer comme un représentant majeur de l'architecture bordelaise. Cette audience se confirme à l'École d'architecture et de paysage de Bordeaux, dont il devient l'une des figures charismatiques.
Toujours sur le mode de la provocation, voire de la dérision, il remporte en 1988 le concours pour la construction de l'internat du lycée Gustave-Eiffel à Bordeaux, qu'il achève en 1991. Situé à proximité de la gare Saint-Jean, le bâtiment présente une façade sur rue aux horizontales fortement marquées, bardée de barrières de chantier et de rails de sécurité d'autoroute. La brutalité, voire l'incongruité de tels matériaux a déconcerté et, de ce fait, suscité un vif intérêt au sein de la critique architecturale. Cette approche du revêtement est effectivement inédite ; en revanche, la courbe du bâtiment, à l'angle du boulevard de la Marne et de la rue Malbec, témoigne d'une évidente volonté de continuité urbaine. Qui plus est, elle peut être vue comme le prolongement de certaines œuvres emblématiques de l'entre-deux-guerres, comme le magasin Petersdorff à Breslau, d'Erich Mendelsohn (1927), ou l'hôtel Latitude 43 à Saint-Tropez, de Georges-Henri Pingusson (1932).
Au cours des années 1990, Jacques Hondelatte, qui avoue se sentir « explorateur en architecture », élargit son champ d'action : urbanisme, paysage, ingénierie ou design, tout en menant au sein de ses projets un travail plastique constant (maquettes, rendus à l'aérographe puis images de synthèse). En 1991, il remporte le concours[...]
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Écrit par
- Simon TEXIER : professeur, université de Picardie Jules-Verne
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