MAGNAN JACQUES JOSEPH VALENTIN (1835-1916)
Psychiatre français. Après des études de médecine à Montpellier et à Lyon, Magnan vient à Paris, où il est reçu au concours de l'internat des hôpitaux. Il y apprend la psychiatrie dans les services de Marce, Lucas, J.-P. Falret et Baillarger. Nommé « médecin interne » du tout nouveau service d'admission de l'hôpital Sainte-Anne, en 1867, il en devient le seul médecin en chef en 1879. Présenté en 1877 pour la nouvelle chaire de clinique des maladies mentales, il se voit préférer, pour des raisons politiques, son concurrent B. Ball. Membre de l'Académie de médecine, il en devient président et termine sa carrière dans ce même service des admissions, où son enseignement attire beaucoup plus d'auditeurs que celui qui se donne officiellement de l'autre côté de la cour de l'hôpital Sainte-Anne.
Ses travaux sont d'abord consacrés à des études anatomo-cliniques (pour lesquelles il utilise les méthodes de Claude Bernard dont il a été l'élève) sur les troubles mentaux secondaires provoqués par des intoxications par l'alcool, l'essence d'absinthe, les aldéhydes et la cocaïne (Études cliniques sur l'alcoolisme, 1874 ; Recherches sur les centres nerveux, 1876), mais surtout, reprenant les idées de Moreau (de Tours) et de Morel sur la dégénérescence, il étend considérablement le domaine de la folie héréditaire des dégénérés, dont « tous les symptômes psychiques reposent sur un fond spécial, la déséquilibration mentale » (Leçons cliniques sur la folie héréditaire, 1886 ; Leçons cliniques sur les maladies mentales, 1890 et 1897). Il répartit la dégénérescence en quatre classes : l'idiotie, l'imbécillité, la débilité mentale et le déséquilibre mental simple. Les « délires des dégénérés », en particulier dans leur forme spécifique de « bouffées délirantes polymorphes », constituent une des plus originales de ses conceptions. Il distingue soigneusement ces délires d'autres espèces morbides, telles que la folie intermittente et le délire chronique. Pour ce dernier, il reprend la célèbre description des délires de persécution de J. Lasègue, en en précisant la marche régulière et systématique qui évolue vers la mégalomanie.
Sur le plan thérapeutique, Magnan est résolument partisan du no-restraint et de la suppression de l'isolement cellulaire. En revanche, il recommande l'alitement, en faisant une véritable méthode de clinothérapie. Il s'intéresse vivement aux problèmes d'assistance, et demande le rajeunissement et la transformation des asiles, en considérant que l'organisation du service médical des aliénés doit demeurer la clé de voûte du traitement. Malgré la fragilité de sa classification nosographique, l'importance exagérée qu'elle donne à l'hérédité, l'aspect discret de certaines de ses recommandations thérapeutiques, l'œuvre psychiatrique de Magnan reste encore actuellement utile pour la clinique.
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Écrit par
- Jacques POSTEL : médecin-chef au centre hospitalier Sainte-Anne, Paris
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