LANCELOT JACQUES (1920-2009)
L'école française de clarinette comptait avec Jacques Lancelot l'un de ses membres les plus prestigieux, même si sa discrétion naturelle n'en a pas fait une vedette à l'instar de Jean-Pierre Rampal pour la flûte ou de Maurice André pour la trompette. Pédagogue recherché, il a formé des clarinettistes venus travailler avec lui du monde entier.
Né à Rouen le 24 avril 1920, Jacques Lancelot commence ses études musicales au conservatoire de Caen, avec Fernand Blachet (1933-1938), puis les poursuit au Conservatoire national de Paris, où il travaille la clarinette avec Auguste Périer (il y obtient un premier prix en 1939) et, à partir de 1942, la musique de chambre avec Fernand Oubradous. En 1941, il entre à l'Orchestre des Concerts Lamoureux, où il reste jusqu'en 1950. Parallèlement, il joue dans l'Orchestre de Radio-Paris (sous la direction de Willem Mengelberg et de Jean Fournet), au sein de l'Orchestre de chambre Marius-François Gaillard, à la Musique de la Garde républicaine (1945-1946) et, l'été, au Casino de Vichy (1947-1955). Il est aussi l'un des membres de l'Association des concerts de chambre de Paris que dirige Fernand Oubradous (par la suite Concerts symphoniques de chambre de Paris).
Jacques Lancelot développe une importante carrière de soliste et dans le domaine de la musique de chambre, notamment au sein du Quintette à vent français (1945-1968) avec Jean-Pierre Rampal (flûte), Pierre Pierlot (hautbois), Gilbert Coursier (cor), Maurice Allard puis Paul Hongne (basson). Le pédagogue enseigne au conservatoire de Rouen (1947-1988), à l'Académie internationale d'été de Nice (1960-1975), au Conservatoire national supérieur de musique de Lyon (1980-1984), tout en donnant des master classes dans le monde entier, notamment au Japon, où son influence est considérable. Il a souvent siégé dans les jurys de concours, à Genève, ou au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Parmi les œuvres qu'il a créées, le Concerto pour clarinette de Jean Françaix (1967) s'est imposé comme une page majeure du répertoire de l'instrument. On doit aussi à Jacques Lancelot des créations de Jean Rivier, Roger Calmel, Georges Migot, Marcel Bitsch. Avec la complicité de Michel Garcin, directeur des disques Erato, il a fait revivre des sonates de François Devienne ainsi que des œuvres concertantes de Johann Melchior Molter et de Rossini alors tombées dans l'oubli. Jacques Lancelot est mort à Paris le 7 février 2009.
Doté d'une sonorité claire et d'un phrasé exceptionnel très articulé, il faisait souvent un usage généreux du vibrato, l'une des caractéristiques de l'école française jusqu'aux années 1970, toujours soucieuse de disposer d'une large palette de couleurs. Il disait volontiers qu'il y a le mot « clair » dans clarinette. Au sein d'une abondante discographie, ses enregistrements du concerto de Mozart restent des références pour tous les clarinettistes. Il a été directeur de collection aux Éditions musicales transatlantiques et aux éditions Gérard Billaudot. On lui doit de nombreux ouvrages pédagogiques.
Michel Arrignon lui a consacré un livre, Jacques Lancelot, 10 ans avec la clarinette (Institut de pédagogie musicale et chorégraphique, 1991).
Discographie sélective
J. Brahms, les deux sonates pour clarinette et piano, avec Annie d'Arco
J. Françaix, Concerto pour clarinette, avec l'Orchestre de Nice-Côte-d'Azur O.R.T.F., direction Pol Mule (enregistré en 1970)
P. Ladmirault, Sonate pour clarinette et piano, avec Robert Plantard (enregistré en 1980)
J. M. Molter, Concerto pour clarinette en ré majeur, Orchestre de chambre de Rouen, direction Albert Beaucamp
W. A. Mozart, Concerto pour clarinette, K 622, Orchestre de chambre Jean-François Paillard (2 enregistrements : 1958 et 1963) ; [...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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