Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LE RIDER JACQUES (1954- )

Jacques Le Rider - crédits : L. Monier/ Editions Bertillat

Jacques Le Rider

Né en 1954 à Athènes, directeur d’études à l’École pratique des hautes études où il occupe depuis 1999 une chaire intitulée « L’Europe et le monde germanique (époque moderne et contemporaine) », Jacques Le Rider est tout d’abord germaniste et historien, éditeur et traducteur. Mais ses compétences vont bien au-delà de ce qu’il est généralement convenu d’attendre d’un spécialiste reconnu de la langue, de la littérature et de la civilisation germaniques : de l’esthétique à la psychanalyse en passant par la philosophie, les sciences du langage et sa connaissance du monde juif européen, l’étendue de son champ d’action – toujours circonscrit à la langue allemande – force le respect et aiguise l’intérêt.

Auteur d’une quinzaine de livres, Jacques Le Rider a également dirigé une trentaine d’ouvrages collectifs, traduit Nietzsche, Lou Andreas-Salomé, Hugo von Hofmannsthal, Theodor Adorno, Felix Mauthner et Goethe, et créé l’importante collection « Perspectives germaniques » aux Presses universitaires de France (P.U.F.) ; ce qui ne l’a pas empêché de diriger au début de sa carrière l’Institut culturel franco-allemand de Tübingen et l’Institut français de Vienne. Le travail considérable qui a été accompli en une trentaine d’années ne relève cependant jamais de la frénésie : le style caractéristique de Jacques Le Rider est au contraire marqué au coin du calme et de la précision, d’une riche information et d’une pensée toujours claire qui a en quelque sorte « protégé » un chercheur exigeant d’une publicité trop souvent recherchée. Ce savoir distingué et cette pensée dénuée de tout jargon s’adressent sans exclusive à tout lecteur curieux qui devient vite un complice plein de reconnaissance.

Vienne et la Mitteleuropa

La profusion des textes ne relève en rien de l’éclectisme. Plusieurs lignes de force animent la recherche de Jacques Le Rider depuis ses toutes premières publications. La première, sans doute la plus importante, est liée à la modernité viennoise à laquelle Le Rider consacre sa thèse d’état (Modernité viennoise et crises de l’identité, 1990), rapidement publiée aux P.U.F. dans la collection Perspectives critiques. Son directeur, Roland Jaccard, avait accueilli dès 1982 la première monographie de l’auteur sur le sujet : Le Cas Otto Weininger, juif antisémite qui s’était donné la mort à vingt-trois ans, juste après la parution de son manifeste Sexe et caractère. La passion pour Vienne, incontestable toile de fond de l’œuvre, se révèle protéiforme pour l’historien : après Weininger, il publie des ouvrages sur Hofmannsthal (1995) et Freud (2002), ainsi qu’une monographie consacrée à Schnitzler (2003). Mais le temps des vastes synthèses ne s’est nullement arrêté à la rédaction de son doctorat, comme l’atteste Les Juifs viennois à la Belle Époque (2013). Cette passion passe aussi par des études littéraires (Journaux intimes viennois, 2000), mais peut encore prendre la forme de l’ouvrage d’intervention où l’érudit germaniste laisse la place au polémiste quand il s’agit de questionner l’identité autrichienne dans sa dimension politique contemporaine (L’Autriche de M. Haider, 2001).

L’intérêt pour Vienne dépasse chez Jacques Le Rider l’histoire culturelle de la seule capitale des Habsbourg ; son champ d’intervention couvre non seulement le monde germanique mais aussi (et surtout) la Mitteleuropa et la présence juive dans l’empire austro-hongrois. On retiendra, par exemple, son intérêt pour la Galicie, terre de naissance de Leopold-Sacher von Masoch et de Joseph Roth (ainsi que de Billy Wilder), et l’effort constant du chercheur pour redonner vie à des pans oubliés et méconnus de cette « autre Europe » : on lira avec profit son essai sur La Mitteleuropa (1994) et le premier numéro de la Revue germanique internationale (1994),[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur d'études cinématographiques et d'esthétique à l'université de Paris-Est-Marne-la-Vallée

Classification

Média

Jacques Le Rider - crédits : L. Monier/ Editions Bertillat

Jacques Le Rider

Autres références

  • JOURNAUX INTIMES VIENNOIS (J. Le Rider)

    • Écrit par
    • 921 mots

    « De la vaporisation et de la centralisation du moi. Tout est là. » Il y a fort à parier que la fin du xxe siècle n'a rien de proprement nouveau à ajouter aux lignes qui ouvrent Mon Cœur mis à nu de Baudelaire. Si le journal intime se polarise tantôt sur la dispersion, tantôt sur le rassemblement,...

  • LES COULEURS ET LES MOTS (J. Le Rider) - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 1 058 mots

    Les ouvrages les plus stimulants sont souvent le fait d'un spécialiste qui a su sortir de sa discipline pour rencontrer un autre domaine, sans pour autant renier son savoir d'origine. Jacques Le Rider, précoce et brillant germaniste, auteur de livres de référence consacrés à Otto Weininger,...