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NYST JACQUES LOUIS (1942-1996)

Plasticien et vidéaste belge, Jacques Louis Nyst est né à Gémeaux, près de Liège, en 1942. Professeur de dessin et de vidéo à l'Académie des beaux-arts de la Ville de Liège, il est aussi réalisateur vidéo indépendant.

Au tout début des années 1970, il aborde la création sous les formes les plus variées : peinture, écriture, photographie, cinéma et vidéo. Il fut ainsi un des tout premiers plasticiens belges à s'intéresser à la vidéo, dès 1971, avec Propositions d'artistes pour un circuit fermé de télévision (galerie Yellow Now, Liège). Le mélange des supports et le passage d'un moyen expressif à l'autre caractérisent sa démarche : ses toiles peintes jouent sans cesse de rapports multiples à la photographie, ses photos, souvent constituées en livres (Nous ne sommes pas des cybernautes, 1973 ; Pour un visiteur futur, 1975 ; L'Objet, 1976 ; L'Ombrelle de papier, 1977 ; Deux oiseaux chantent, 1982 ; Hylaloïde, 1986 ; Comme s'il y avait des pyramides, 1987 ; Saga Sachets, 1988 ; Le Chemin effacé, 1991 ; Les Objets du scénario, 1992 ; etc.), sont généralement accompagnées de textes mi-poétiques mi-narratifs ; ses vidéogrammes partent fréquemment de photos et procèdent toujours d'une mise en scène langagière autant que visuelle.

Quel que soit le support utilisé, et même si, depuis les années 1980, Nyst s'intéresse de préférence à la vidéo, son œuvre demeure d'une cohérence exemplaire dans ses grands principes esthétiques ; il part systématiquement d'objets (le titre de sa première bande vidéo est L'Objet, 1974) : petits, fragiles, quotidiens, souvent personnels, un peu dérisoires, toujours isolés. Même les images, télévision, cinéma ou photos, sont pour lui d'abord des objets, tout comme les mots du langage. Et ces “objets” qui constituent son matériau de base, Nyst les manipule, en bon bricoleur (au sens donné par Lévi-Strauss à ce terme), c'est-à-dire en leur faisant subir un traitement poétique singulier, par déplacement systématique (de statut, de valeur, de sens), générateur de courts-circuits métaphoriques et d'analogies multiples. Le “style” de Nyst en découle : une sorte d'innocence “primitive”, un humour poétique fait de décalages et de coïncidences, un délire logique qui n'est pas sans évoquer Lewis Carroll. Cette poésie de l'objet est aussi véhiculée par des dispositifs discursifs de récit : toutes ses œuvres racontent une ou plusieurs histoires, ni linéaires ni directes, plutôt labyrinthiques, tout en tours, détours et retours. Et cette dimension narrative — où le plus souvent la voix si caractéristique de Nyst lui-même accompagne indéfectiblement chaque réalisation (au titre de narrateur, de héros, de témoin ou de conférencier) — est essentielle aux charmes discrets de son univers.

À partir des années 1980, il collabore avec son épouse Danièle qui interprète le personnage de Thérésa dans plusieurs bandes (Thérésa Plane, 1983). Une monographie, Les Nyst, leur a été consacrée en 1992 par Philippe Dubois.

Commencée dans des conditions techniques et infrastructurelles minimales, l'œuvre vidéo de Nyst a su rapidement se hisser au niveau des grandes productions internationales tout en gardant sa fraîcheur et sa poésie : ses bandes, désormais acquises par la plupart des grandes institutions de l'art contemporain (du Musée national d'art moderne de Paris au Museum of Modern Art de New York en passant par le Stedelijk Museum d'Amsterdam), ont été présentées (et souvent primées) dans les festivals internationaux de vidéo. En 1989, Saga Sachets est diffusé à la télévision ; le Centre Georges-Pompidou a présenté Passages de l'image et L'Art et la pub en 1990.

— Philippe DUBOIS

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Écrit par

  • : enseignant-chercheur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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