MARS JACQUES (1926-2003)
Ses interprétations de Méphistophélès resteront dans bien des mémoires, deux rôles (La Damnation de Faust de Berlioz et Faust de Gounod) qu'il a tenus longtemps sur la scène du Palais-Garnier et dans lesquels ses talents de chanteur et d'acteur s'unissaient pour le meilleur.
Né à Paris le 25 mars 1926 dans une famille modeste, Jacques Hochard (Jacques Mars, de son nom d'artiste) aborde très tôt la musique en travaillant l'harmonium et le violon en autodidacte. Puis il se tourne vers le chant « par l'observation des constantes qui régissent cette discipline [...] et qui conduisent à l'élaboration d'un son perfectible ». Il ne suit aucun cours dans un conservatoire. Engagé en 1955 à la Réunion des théâtres lyriques nationaux, après une audition, il débute au Palais-Garnier le 5 novembre 1956, dans le Duc de Vérone de Roméo et Juliette de Gounod, puis se voit confier peu à peu les rôles de basse chantante : le Commandeur (Don Giovanni de Mozart) et Brander (La Damnation de Faust) en 1957, Montano (Otello de Verdi) et le Pilote (Tristan et Isolde de Wagner) en 1958, le Comte de Monterone (Rigoletto de Verdi) et Zuniga (Carmen de Bizet) en 1959, Abimélech (Samson et Dalila de Saint-Saëns) et Angelotti (Tosca de Puccini) en 1960, Narbal (Les Troyens de Berlioz) en 1962.
En 1963, Désiré-Émile Inghelbrecht lui confie le rôle de Golaud dans l'une de ses légendaires exécutions de concert de Pelléas et Mélisande de Debussy. Jacques Mars participe aussi cette année-là à la création de la version originale, en français, de Don Carlos de Verdi au Palais-Garnier (Charles Quint). En 1964, il incarne son premier Méphisto, celui de Berlioz, dans la fameuse reprise de La Damnation de Faust mise en scène par Maurice Béjart au Palais-Garnier. En 1965, il chante à l'Opéra-Comique les quatre rôles de basse des Contes d'Hoffmann d'Offenbach. Et, l'année suivante, il aborde le Méphisto de Gounod, probablement son rôle fétiche puisqu'il le chantera environ trois cents fois au cours de sa carrière. On lui confie alors les premiers rôles des grands ouvrages : Philippe II puis le Grand Inquisiteur (Don Carlos), Golaud (à l'Opéra-Comique, au festival de Glyndebourne en 1969 et 1970, à la Scala de Milan en 1973, au Mai musical florentin en 1977), le rôle-titre de Don Quichotte de Massenet (à Monte-Carlo), Scarpia (Tosca), Basile (Le Barbier de Séville de Rossini), Colline (La Bohème de Puccini), le rôle-titre de Boris Godounov de Moussorgski... Il partage la scène avec Maria Callas, Grace Bumbry, Régine Crespin, Boris Christoff, Nicolai Ghiaurov... Dans les années 1970, Jacques Mars chante notamment Klingsor (Parsifal de Wagner) et Barbe-Bleue dans Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas.
La musique contemporaine n'est pas absente de son répertoire avec plusieurs créations d'ouvrages lyriques : L'Opéra d'Aran de Gilbert Bécaud (1962), Andrea del Sarto de Daniel-Lesur (1969), i-330 de Jacques Bondon (1975) et Montségur de Marcel Landowski (1985). Il se retire de la scène à la fin des années 1980, se consacrant alors à l'enseignement. Il meurt à Rueil-Malmaison le 29 avril 2003. Si l'essentiel de sa carrière s'est déroulé en France, Jacques Mars n'en était pas moins reconnu hors de son pays comme un des meilleurs représentants du chant français, et c'est dans le répertoire français qu'il a donné le meilleur de lui-même, cultivant une tradition de clarté vocale, de phrasé et de diction dont il fut l'un des derniers défenseurs.
Discographie sélective
G. Bizet, Les Pêcheurs de perles, rôle de Nourabad, avec Nicolai Gedda, Janine Micheau, Ernest Blanc, chœur et Orchestre de l'Opéra-Comique, direction Pierre Dervaux (enregistré en 1960)
J. Massenet, Werther, rôle de Johann, avec Albert Lance, Rita Gorr, Mady Mesplé,[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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