MONOD JACQUES (1910-1976)
Biochimiste français dont les travaux ont largement contribué à la naissance et au développement de la biologie moléculaire. Né à Paris, Jacques Monod, après des études secondaires à Cannes, regagne Paris en 1928, s'inscrit à la faculté des sciences, passe sa licence en 1931, puis entame, au Laboratoire d'évolution des êtres organisés (1932-1934) et sous l’influence d’André Lwoff et Édouard Chatton, une thèse de doctorat sur les protistes ciliés. Il l’abandonne pour participer en 1934 à l’expédition polaire du Pourquoi-Pas ? du commandant Charcot. Une bourse Rockefeller lui permet un stage d'un an (1936) au California Institute of Technology où, dans le laboratoire de T. H. Morgan, il aborde une science peu répandue en France à l'époque, la génétique. Il reprend ensuite sa thèse à l’Institut Pasteur, cette fois-ci sur la cinétique de la croissance des populations bactériennes, thèse qu'il soutient en 1941 et publie en 1942, sous le titre Recherches sur la croissance des cultures bactériennes.
Il prend part à la Résistance sous l'Occupation, puis appartient, en 1944-1945, à l'état-major de la Ire armée. Après la Libération, il entre à l'Institut Pasteur dans le service d'A. Lwoff. Chef de laboratoire (1945-1953), puis chef du service de physiologie microbienne (1953), il est chargé, en 1954, de la création et de la direction du service de biochimie cellulaire. Cinq ans plus tard, il enseigne la chimie du métabolisme à la faculté des sciences de Paris. Il est nommé, en 1967, professeur au Collège de France. De 1971 jusqu'à sa mort, Jacques Monod a dirigé l'Institut Pasteur.
Ses recherches sur la cinétique et sur la physiologie de la croissance bactérienne (1941), sur la nature des phénomènes d'adaptation enzymatique (1945-1950), sur les facteurs de transport spécifique de substances au travers de la membrane bactérienne avec Georges Cohen (1956), sur le contrôle génétique de l’expression des enzymes bactériennes (1960) avec François Jacob (l’opéron) et sur les interactions entre sous-unités des protéines dans le contrôle du métabolisme cellulaire (l’allostérie en 1963) avec Jean-Pierre Changeux apportent à chaque fois une contribution essentielle à la pensée scientifique et biologique. En pratique, ces années 1945-1965 fondent la biologie moléculaire en France. Il a publié de nombreux articles sur la biosynthèse des enzymes, sur la régulation enzymatique cellulaire et, avec François Jacob, GeneticRegulatoryMechanisms in the Synthesis of Proteins(1961). Son seul ouvrage non scientifique, publié en 1971 et intitulé Le Hasard et la Nécessité. Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne, a rencontré un large écho auprès du grand public. Son message, «L'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'univers d'où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n'est écrit nulle part. À lui de choisir entre le royaume et les ténèbres », sera largement discuté.
Jacques Monod meurt le 31 mai 1976 à Cannes. Il avait reçu, en 1965, avec François Jacob et André Lwoff, le prix Nobel de physiologie ou médecine.
Bibliographie
M. Brunerie, Cinquante-huit ans à l’Institut Pasteur, vingt deux ans auprès de Jacques Monod, ouvr. en ligne, 2008, www.pasteur.fr/infosci/archives/mado_bio.pdf
A. Ullmann, A. Lwoff& T. Monod, Les Origines de la biologie moléculaire: un hommage à Jacques Monod, Études vivantes, Paris-Montréal, 1980.
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Écrit par
- Jacqueline BROSSOLLET : archiviste documentaliste à l'Institut Pasteur, Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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