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PEUCHET JACQUES (1758-1830)

Compilateur de documents ou « père » de la statistique ; Romancier ou historien ; Écrivain méconnu ou polygraphe justement oublié ; Jacques Peuchet est un peu tout cela, nous laissant une œuvre énorme et variée que l'on ne peut entièrement négliger.

Avocat, ce Parisien se lie en 1785 avec l'abbé Morellet et collabore au Dictionnaire du commerce ainsi qu'à différents mémoires contre la Compagnie des Indes. Remarqué pour sa contribution à l'Encyclopédie méthodique, il est employé par Calonne puis Loménie de Brienne à divers travaux administratifs.

En 1789, il est électeur et joue un rôle important à l'Hôtel de Ville lors du 14 juillet. Membre influent de la nouvelle municipalité que préside Bailly, il figure parmi les six membres du département de police. De cette expérience il tire en 1789 et en 1791 les deux volumes d'un Dictionnaire de police, répertoire commode de la législation de l'époque.

Mais ce philosophe gagné aux Lumières se révèle assez vite comme un modéré qui se rapproche de la cour. Il obtient la rédaction de la Gazette de France, d'inspiration royaliste, puis celle du Mercure où il se montre partisan résolu de la monarchie.

Devenu suspect, Peuchet est arrêté après le 10 août 1792, puis libéré à la suite d'interventions dont celle, dit-on, de Condorcet. Il se réfugie à Gonesse. Il deviendra administrateur du district mais sera destitué comme royaliste après le 18 fructidor. Il occupe ses loisirs en rédigeant un Dictionnaire universel de la géographie commerçante dont les cinq tomes s'échelonnent entre 1799 et 1800 puis un précieux Vocabulaire des termes de commerce, banque... et enfin un Essai de statistique générale de la France, sans compter une vaste compilation publiée sous le titre Bibliothèque commerciale. Ces ouvrages rencontrent une grande audience : ensembles de textes plus que recueils d'idées neuves, mais qui comblent une lacune et répondent à un besoin en période d'essor du capitalisme. C'est la raison pour laquelle Chaptal le nomme en 1801 membre du Conseil du commerce et des arts. Ce conseil a pour mission de connaître et d'améliorer l'état du commerce, des arts (comprenons l'industrie) et de l'agriculture ; il correspond avec les préfets. Bertholet, Cadet-Devaux et Parmentier en font également partie. De là Peuchet passe, en 1805, à l'administration des Droits réunis comme archiviste, emploi qu'il conservera pendant toute la durée de l'Empire.

À partir de la documentation réunie, il compose une Statistique élémentaire de la France (1805), puis une Description topographique et statistique de la France en deux volumes. Il s'y livre à une vive critique des efforts de statistique de la Révolution et souligne le peu d'efficacité des circulaires de François de Neufchâteau, ministre de l'Intérieur sous le Directoire. Ses ouvrages supplantent les publications officielles d'Alexandre Deferrière et du Bureau de statistique que fait interrompre le ministre Champagny.

Devenu censeur lors de la première Restauration, Peuchet entre à la Préfecture de police, comme archiviste, après les Cent-Jours. Il y restera une dizaine d'années. La publication d'un Mirabeau et son époque lui vaut d'être destitué par les ultras sous le prétexte d'avoir présenté les débuts de la Révolution sous un jour trop favorable.

Mais Peuchet avait pris de nombreuses notes. En 1837, en pleine vogue des ouvrages sur la police et alors que le mythe de Vidocq est à son apogée, il publie des Mémoires tirés des archives de la police qui font sensation. Où commence la vérité, où finit l'imagination de l'auteur ; Impossible d'en juger, les archives de la Préfecture ayant péri en 1871 sous la Commune... Mais c'est de l'une des affaires que raconte Peuchet que Dumas tirera Le Comte[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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