JAMAÏQUE
Nom officiel | Jamaïque (JM) |
Chef de l'État | Le roi Charles III (Royaume-Uni), représenté par le gouverneur général Patrick Allen (depuis le 26 février 2009) |
Chef du gouvernement | Andrew Holness (depuis le 3 mars 2016) |
Capitale | Kingston |
Langue officielle | Anglais |
Unité monétaire | Dollar jamaïcain (JMD) |
Population (estim.) |
2 753 000 (2024) |
Superficie |
10 991 km²
|
La Jamaïque indépendante
Les nouvelles institutions ne bouleversent pas l'ordre ancien : la Jamaïque indépendante fait toujours partie du Commonwealth et le chef d'État demeure la reine d'Angleterre, représentée par un gouverneur général désigné sur recommandation du Premier ministre. Le système reste bicaméral avec un Sénat composé de vingt et un membres (dont treize nommés par le gouverneur général après avis du Premier ministre et huit nommés sur recommandation du chef de l'opposition) et une Chambre des représentants comptant soixante membres élus au suffrage universel.
Le défi de la Jamaïque indépendante est double : réformer le système social et maintenir les libertés fondamentales héritées du système britannique. En effet, le pays se caractérise par un fossé considérable entre l'aristocratie traditionnelle, blanche et attachée à la terre, et les classes populaires noires. Et pourtant, à partir de 1962, on assiste à l'alternance au pouvoir des deux grands partis, le Parti travailliste jamaïcain (JLP, conservateur) et le Parti national populaire (PNP, social-démocrate) qui sont solidement appuyés par les deux principaux syndicats de travailleurs, respectivement le Bustamante Industrial Trade Union (BITU) et le National Workers Union (NWU). Ces deux partis sont le lieu d'un consensus entre les différentes composantes raciales et sociales, sur la base de la défense des institutions et du caractère intangible du pouvoir civil. Même émaillées de violences sporadiques, les élections témoignent d'une stabilité rare dans la région des Caraïbes.
L'expérience jamaïcaine est singulière dans sa façon, d'une part, d'apporter une réponse aux tensions sociales et, d'autre part, de trouver une solution pour sortir du sous-développement.
La construction d'un État-nation viable : 1962-1972
Durant la décennie 1960-1970, la Jamaïque s'affirme comme un solide allié du bloc occidental dans la Caraïbe. Le Premier ministre Alexander Bustamante, chef du JLP, parti qui a gagné les élections de 1962, imagine un plan de développement industriel pour faire face au défi de la pauvreté de masse. Ce modèle de développement s'appuie sur l'industrialisation comme principe d'insertion dans l'économie mondiale. La politique économique de Bustamante accélère la croissance, et les conditions de vie connaissent une amélioration sensible. À la fin des années 1960, on peut faire état d'un net recul du taux de mortalité infantile, de l'analphabétisme et de l'allongement de l'espérance de vie. Cependant, l'industrialisation ne crée pas suffisamment d'emplois pour absorber le surcroît de main-d'œuvre généré par l'exode rural et la crise de l'économie sucrière. Cette croissance soutenue permet toutefois au JLP d'être reconduit, en 1967, pour un second mandat, et à Bustamante de renforcer sa position de Père de la nation en reléguant au second plan son rival (et cousin) Norman Manley.
Pour des raisons de santé, Bustamante doit se retirer de la scène politique et laisser vacant le fauteuil du Premier ministre. Il est remplacé par Hugh Shearer, son dauphin (avril 1967), qui se contente de poursuivre sa politique de développement dans le domaine du tourisme et de l'industrie minière : trois nouvelles raffineries et trois pôles touristiques sont ouverts et mis en service. Mais les rumeurs de corruption donnent un air de débâcle à la fin de règne du JLP. Le climat se dégrade sensiblement lorsque Walter Rodney, historien guyanais et apôtre du Black Power, est arrêté en octobre 1968. Les manifestations en faveur de sa libération tournent à l'émeute et la Jamaïque connaît alors des scènes de violence.
Le tournant socialiste des années 1972-1980
Aux élections législatives de 1972, l'électorat sanctionne l'action du JLP.[...]
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Écrit par
- Oruno D. LARA : professeur d'histoire, directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amériques
- Jean Marie THÉODAT : agrégé de géographie, maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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AMÉRIQUE LATINE - Les religions afro-américaines
- Écrit par Roger BASTIDE
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...nègres (les Orisha et leurs correspondants catholiques ne sont plus alors que les généraux qui commandent, dans le monde éthéré, les phalanges des morts). À la Jamaïque, le myalisme a cédé la place à un culte extatique où l'on entre bien toujours en communication avec les esprits des morts, mais aussi avec... -
Bam, bam, CHAKA DEMUS & PLIERS
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BENNETT LOUISE (1919-2006)
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Chanteur jamaïcain de reggae. De son véritable nom Desmond Dacres. Leslie Kong, un des propriétaires du label jamaïcain de reggae, de ska et de rocksteady Beverley, lui fait enregistrer en 1968 le morceau de ska Israelites, qui connaît un succès mondial. La mort de Kong, en 1971, le conduit à...
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