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BALDWIN JAMES (1924-1987)

Durant vingt années, James Baldwin a été le prophète inspiré du mouvement pour les droits civiques, analysant les frustrations de ses congénères et les préjugés raciaux des Blancs, faisant appel à la conscience morale de son pays tout en le menaçant de la révolution. Intégrationniste avant d’être tenté par le nationalisme, il est passé du statut de témoin de son temps à celui de porte-drapeau d’une révolte et demeure un humaniste introspectif aux talents divers et à l’écriture éloquente.

James Baldwin - crédits : Morton Broffman/ Getty Images

James Baldwin

Né à Harlem le 2 août 1924, Baldwin fit ses débuts littéraires à quatorze ans dans le magazine de son collège, et ses débuts de prédicateur à l’église de la Fireside Pentecostal Assembly. Rompant avec l’Église et le ghetto, il s’établit à sa majorité à Greenwich Village et embrassa la carrière de romancier sous la tutelle de Richard Wright. Désespérant de s’affirmer aux États-Unis à cause du racisme, il partit pour Paris en 1948. C’est là, dans une extrême pauvreté, qu’il écrivit les essais de Notes of a Native Son (1955 ; Chronique dun pays natal, 1973) et de Nobody Knows My Name (1961 ; Personne ne sait mon nom, 1963), traitant de sa quête d’identité, des rapports entre littérature et engagement, des relations entre les races et entre l’Amérique et l’Europe. À Paris, il termine également Go Tell It on the Mountain (1953 ; Les Élus du Seigneur, 1957), commencé dix ans auparavant ; ce premier roman retrace une adolescence partagée entre la violence des rues du ghetto et le salut que prétend apporter la foi. Cette évocation des passions et de l’idéalisme d’une famille noire, avec pour toile de fond la migration vers le Nord, reste probablement le chef-d’œuvre de Baldwin. Giovannis Room (1956 ; Giovanni, mon ami, 1958) traite ouvertement de l’homosexualité, insistant sur le malaise d’un jeune Américain puritain vivant en France. Un recueil de nouvelles, Going to Meet the Man (1965 ; Face à lhomme blanc, 1968), reprendra des thèmes semblables.

Sa réputation assurée, Baldwin rentra au pays natal et connut alors la notoriété comme porte-parole du mouvement des droits civiques. Désormais, il allait partager son temps entre de nombreux voyages, les États-Unis et la France. Son roman Another Country (1962 ; Un autre pays, 1964) peint avec puissance mais non sans confusion des intrigues sentimentales et sexuelles entre Noirs et Blancs. Son recueil d’essais The Fire Next Time (1963 ; La Prochaine Fois le feu, 1963) somme la nation américaine d’amender ses pratiques raciales tout en demandant aux Noirs de répondre par l’amour à la provocation. No Name in the Street (1972 ; Chassés de la lumière, 1972) révèle une évolution vers le nationalisme d’Elijah Muhammad et des Musulmans noirs (Baldwin adaptera l’autobiographie de Malcolm X à l’écran en 1973), voire l’action des Panthères noires. Une conversation avec Margaret Mead, A Rap on Race (1971 ; Le Racisme en question, 1972) et un entretien avec Nikki Giovanni (Dialogue, 1973) témoignent des mêmes préoccupations sociales, tandis que The Devil Finds Work (1976 ; « Le Diable trouve à faire ») examine surtout la place du Noir dans le film américain.

Baldwin a fait deux brillantes tentatives comme dramaturge : dès 1954, The Amen Corner (« Le Coin des Amen ») oppose l’univers masculin du blues et le monde féminin de l’Église ; en 1964, Blues for Mister Charlie (« Des blues pour M. Charlie ») évoque, autour d’un lynchage, les antagonismes raciaux dans le Sud. Cependant, les dernières œuvres de Baldwin sont romanesques : Tell Me How Long the Train's Been Gone (LHomme qui meurt, 1970) retraçait, en 1968, la carrière angoissée et tumultueuse d’un acteur noir. En 1974, If Beale Street Could Talk (Si Beale Street pouvait parler), adapté à l’écran en 2019, exposait les problèmes et les combats d’une adolescente[...]

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James Baldwin - crédits : Morton Broffman/ Getty Images

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