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JAMES BOND

Sean Connery dans <em>James Bond contre Dr No</em> - crédits : Sunset Boulevard/ Corbis/ Getty Images

Sean Connery dans James Bond contre Dr No

James Bond, agent des services secrets britanniques « autorisé à tuer », fut d'abord le héros d'une douzaine de romans à succès que l'Anglais Ian Fleming écrivit de 1953 à 1964. Dès 1966, Umberto Eco y décelait « la pureté de l'épopée primitive traduite sans pudeur et avec malice en termes d'actualité ». Le cinéma s'en saisit du vivant de son créateur, avec James Bond contre Dr No (Terence Young, 1962). Ce premier film rapporta 60 millions de dollars dans le monde. On compta près de cinq millions d'entrées en France. Il y a donc cinquante ans des débuts à la sortie du vingt-troisième « épisode », Skyfall. Cinquante ans, et des interprètes tour à tour écossais (Sean Connery), australien (George Lazenby), anglais (David Niven, Roger Moore et Daniel Craig), irlandais (Pierce Brosnan), gallois (Timothy Dalton). Vingt-cinq films : si Tarzan, Maciste ou Zatoichi ont connu davantage d'incarnations, James Bond a été aussi fidèle à son public que ses illustres congénères.

Comment créer un mythe

Les deux forces de James Bond sont la vitalité et l'humour. Sur l'ensemble des films, ceux qu'on préfère oublier sont ceux qui négligent l'un des deux aspects. Le très « spectaculaire » Quantum of Solace(2008) péchait par sa prétention à subjuguer le spectateur et par un montage insupportablement haché, comme si le nombre de plans et leur défilement saccadé pouvait être le seul critère de la réussite d'un film d'action. L'erreur du réalisateur Marc Forster fut de croire que la contrainte et la violence suffisaient pour retenir l'attention. Cet échec met en valeur la mémoire vivante des autres films, souvenirs de rire et d'enthousiasme sympathique. Bond est grand quand il renverse l'équilibre des puissances, par exemple entre lui-même et le géant à la mâchoire puissante interprété par Richard Kiel, le Jaws de L'espion qui m'aimait (1977) et de Moonraker (1979). De même, toujours dans L'espion qui m'aimait, au moment de noyer 007, on voit le cercueil que va devenir sa Lotus Esprit se transformer en sous-marin. La force d'une telle scène est exactement celle des gags du cinéma burlesque : surprise, poésie et résolution des contradictions.

James Bond nous fascine quand il se prend pour Fantômas, Arsène Lupin ou Till l'Espiègle, chaque fois que sa force défie la vraisemblance et la physique. Il s'agit de vaincre les monstres par un éclat de rire. Mais il faut être musclé, quand même, et tirer juste. L'humour ne suffit pas non plus. Que serait le plus magnifique des clowns, s'il ne montait d'un seul élan au sommet des piquets du chapiteau ? Si le saut périlleux lui était inaccessible, si la plus belle des écuyères résistait à sa séduction ? Il faut cela aussi, l'acuité du regard, l'instantanéité du geste, l'infaillibilité dans le cadrage de l'ennemi et la projection foudroyante sur la cible choisie.

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Sean Connery dans <em>James Bond contre Dr No</em> - crédits : Sunset Boulevard/ Corbis/ Getty Images

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