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RAYMOND JAMES C. (1917-1981)

Avec James C. Raymond est mort un des artisans d'une bande dessinée dont le succès demeure inégalé : Blondie. Créée par Chic Young (1901-1973), elle avait débuté en 1930, au plus fort de la crise économique qui secouait les États-Unis. Elle demeure, avec Bringing up Father (connu en France sous le titre La Famille Illico) de George McManus, le prototype du family strip, genre très populaire où sont évoqués, de façon cocasse, les problèmes du couple, les relations parents-enfants...

Blondie fut diffusée plus de 2 000 journaux dans le monde entier. Son héroïne, Blondie Boopadoop, dont le prénom donne son titre à l'histoire, est une jeune fille moderne, émancipée et assez désintéressée pour tomber amoureuse de Dagwood Bumstead, jeune homme plutôt dépourvu de sens pratique. Cette union est considérée comme une mésalliance par la famille fortunée du fiancé : la cérémonie du mariage se déroule dans un climat de désapprobation générale. Malgré cette situation de rejet, le couple entreprend, tant bien que mal, d'assurer ses moyens d'existence. La volonté de bâtir une union durable en dépit d'une situation matérielle précaire devait d'ailleurs donner à Blondie, jusqu'alors peu appréciée, son véritable démarrage. Pendant les années 1932 et 1933, Chic Young eut pour assistant Alex Raymond, le futur créateur de Flash Gordon et de Agent secret X 9 et frère de... James, qui devait, de 1950 à 1981, être un des dessinateurs de Blondie.

Parmi les autres successeurs de Chic Young, les plus notables furent, à partir de 1963, son fils Dean Young, qui supervise encore aujourd'hui la série, et Stan Drake (1921-1997) qui, de 1984 à sa mort, réussit à rénover avec le graphisme originel.

Ce type de comic strip joue un rôle important dans l'économie générale de la bande dessinée telle qu'elle apparaît dans les quotidiens et, tout particulièrement, dans leurs éditions dominicales. Les personnages sont à la fois des partenaires et des symboles pour le lecteur. Ils lui permettent de se reconnaître et de dédramatiser des situations réelles, avec une hardiesse qui peut donner parfois l'impression d'une autodestruction complaisante mais qui, en réalité, confère sa crédibilité au système.

Même si Blondie est plutôt atypique (peu de conflits entre époux et faible rôle des enfants), le succès du family strip aux États-Unis est d'autant plus surprenant que la cellule familiale y est, comme ailleurs, menacée. Peut-on formuler l'hypothèse que la famille en tant qu'idée, en tant qu'image, se maintient dans la bande dessinée comme simulacre nécessaire de l'édifice social ? Blondie, mieux que les autres bandes dessinées mais en étroit rapport de complémentarité avec elles, contribue à entretenir, dans l'esprit du lecteur, une certaine vision de la réalité sociale. Et en retour, reflète certaines manières d'être du lecteur.

— Marc THIVOLET

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