JAMES CYRIL LIONEL ROBERT dit C.L.R. (1901-1989)
Militant politique, historien de la culture des Caraïbes et spécialiste du cricket, C. L. R. James fut l'un des chefs de file du mouvement panafricain.
Cyril Lionel Robert James naît dans une famille cultivée le 4 janvier 1901 à Tunapuna, dans l'île de Trinité-et-Tobago (Antilles). Diplômé du Queen's Royal College de Port of Spain en 1918, il commence ensuite une carrière d'enseignant. En 1932, il va s'installer en Angleterre, où il publie le pamphlet The Life of Captain Cipriani (1932 ; révisé sous le titre The Case for West-Indian Self-Government, 1933) grâce au soutien personnel et financier du joueur de cricket et homme politique caribéen Learie Constantine. Pendant les années 1930, James sera le correspondant du Manchester Guardian pour la rubrique sur le cricket. Il va s'impliquer de plus en plus dans la politique marxiste, de tendance trotskiste. Il publie ainsi World Revolution, 1917-1936. The Rise and Fall of the Communist International (1937), qui retient l'intérêt de Trotski et de George Orwell. Il sera également par la suite le traducteur en anglais du Staline de Boris Souvarine. Pendant cette même période, C. L. R. James commence à militer, notamment à l'intérieur de l'International Service Bureau, en faveur des peuples colonisés. Il signe une pièce sur la révolution haïtienne qui éclata dans les années 1790, intitulée Toussaint L'Ouverture et représentée à Londres en 1936. Deux ans plus tard, il publie The Black Jacobins (Les Jacobins noirs) ; largement applaudie par la critique, cette étude marxiste d'un mouvement mené par des esclaves lui vaudra une renommée internationale.
En 1939, C. L. R. James quitte l'Angleterre pour vivre aux États-Unis, mais son séjour est interrompu pour motifs politiques en 1953, en pleine chasse aux sorcières. Il est alors détenu dans le centre d'Ellis Island (New York) et rédige durant son incarcération une analyse de Moby Dick d'Herman Melville intitulée Mariners, Renegades, and Castaways (1953). Expulsé des États-Unis, James va et vient entre Londres et l'île de la Trinité, où il occupe le poste de secrétaire du parti travailliste West Indies Federal Labour Party de 1958 à 1960.
À partir de 1958, il devient rédacteur en chef de The Nation, journal du People's National Movement. Dans Beyond a Boundary (1963), l'écrivain évoque l'importance du cricket dans la mentalité britannique et dans l'histoire des Caraïbes. Parmi sa bibliographie, citons encore le roman Minty Alley (1936), State capitalism and World Revolution (1950), Notes on Dialectics (1948), Nkrumah and the Ghana Revolution (1977) sans oublier Cricket (1986), un recueil d'articles publiés entre 1935 et 1985. C. L. R. James s'éteint le 31 mai 1989, à Londres.
Son œuvre a eu une influence considérable sur la réflexion conduite par les intellectuels antillais, et plus généralement sur les militants de la cause noire.
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