PUTNAM JAMES JACKSON (1846-1918)
Neuropsychiatre de nationalité américaine, professeur de neurologie à l'école de médecine de l'université Harvard et fondateur de l'American Neurological Association, James Jackson Putnam s'intéressa à l'hypnose et à la psychothérapie dès 1890. Disciple d'Emerson, donc ouvert à la dimension sociale comme ses ancêtres puritains de la Nouvelle-Angleterre, Putnam pense avec optimisme que les instincts sociaux doivent être cultivés chez le névrosé. Porté par son puritanisme à comprendre la lutte que mène Freud contre l'oppression, il est acquis très tôt aux idées de la psychanalyse et figure parmi les premiers adeptes américains du chercheur viennois.
Le groupe américain en vient à trouver l'approche thérapeutique de Freud trop austère et le concept de l'inconscient trop négatif pour être satisfaisant. Putnam, qui en devient le chef de file, doute que la vie s'explique par des conflits et qu'elle ne comporte pas aussi des facteurs positifs, qu'il n'y ait pas un bon côté de la nature humaine : « La régénération morale, dit-il, aide à supprimer les symptômes. » Condamnant « l'hérésie adlérienne », il estime que l'individu n'existe pas seul et qu'il doit être considéré comme étant partie intégrante de la communauté. Il croit, comme Jung, que la psychanalyse ne conduit pas automatiquement le patient à une synthèse, que l'inconscient est moins dangereux que ne le pense Freud et que l'analyste doit aider le malade à résoudre ses problèmes actuels. Convaincu que ce dernier a besoin d'idéal pour favoriser son processus de sublimation et sceptique vis-à-vis de l'hérédité comme facteur étiologique, Putnam emploie une méthode de traitement fondée sur l'inspiration qui lui vient sur le moment.
Freud, quoique en désaccord avec « Socrate et Putnam » auxquels il reproche de professer que nos fautes viennent de la confusion et de l'ignorance, préfère ne pas voir les différences théoriques qui le séparent du second afin d'assurer l'avenir de la psychanalyse aux États-Unis. Il admire chez Putnam « le caractère moral et l'amour de la vérité » et parle de lui comme d'une « acquisition formidable pour le mouvement psychanalytique ». Mais il le juge « trop ambitieux » quand il le voit aider, traiter et guérir des cas plus sérieux que ceux auxquels lui-même destine sa technique.
Malgré ces divergences, Putnam reste loyal vis-à-vis de Freud dans les dissensions qui apparaissent au sein du groupe analytique. Jusqu'à sa mort, il défend la psychanalyse freudienne aux États-Unis, alors que s'y introduisent les théories de Jung et d'Adler. Il fait paraître en 1906 un article entièrement consacré à celle-ci dans le Journal of Abnormal Psychology. Avec Stanley Hall, fondateur de la psychologie expérimentale aux États-Unis et président de l'université Clark dans le Massachusetts, Putnam invite Freud à faire, accompagné de Jung et de Ferenczi, une série de conférences aux États-Unis. Ainsi les Américains furent-ils les premiers à donner à Freud l'occasion de présenter ses recherches devant le grand public.
Comme d'autres disciples, Putnam estime que cette visite de 1909 change radicalement le cours de sa vie et de sa pensée. Élu président de l'American Psychoanalytic Association, qu'il fonda avec Ernest Jones en avril 1911, il assiste au troisième congrès international de la psychanalyse à Weimar (déc. 1911). Son analyse avec Freud aurait duré six heures.
Dans son livre Human Motives (1915), Putnam tente d'établir que la pulsion pour une amélioration éthique fait partie de la personnalité humaine et que la psychanalyse a rapport avec la morale et la religion. Il supplie Freud d'adopter une attitude plus favorable aux croyances religieuses et à l'occultisme, et il échange[...]
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Écrit par
- Pamela TYTELL : Ph.D. de Columbia University, New York, docteur ès lettres, maître de conférences à l'université de Lille-III
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