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MACPHERSON JAMES (1736-1796)

Né dans les Highlands d'Écosse, à Ruthven, James Macpherson fit d'abord ses études à King's College à Aberdeen, puis partit en 1755 dans l'intention de se préparer aux études pastorales : il y renonça peu après et rentra dans son village natal comme maître d'école. Il publia, en 1758, ses premiers vers, L'Homme des Highlands (The Highlander), qui n'eurent aucun écho. Deux années auparavant, Jerome Stone of Dunkeld, poète et linguiste, avait publié dans le Scots Magazine une traduction de ballades gaéliques : cette publication influença sans doute l'orientation poétique de Macpherson, et le conduisit à s'intéresser plus particulièrement à la poésie gaélique. Il était soutenu dans cet intérêt par John Home, l'auteur de Douglas (1757) et par Hugh Blair : celui-ci rassembla des fonds pour financer une expédition dans les Highlands ; il voulait découvrir et rassembler des manuscrits gaéliques et noter par écrit les textes d'anciennes ballades que transmettait encore la tradition orale de certaines régions isolées. De cette première expédition, Macpherson rapporta un manuscrit du xvie siècle connu maintenant comme Le Livre du doyen de Lismore (The Book of the Dean of Lismore). Il avait également acquis des manuscrits dus aux MacMhuirichs, bardes héréditaires de la famille des MacDonald de Chanranald.

À la suite de cette expédition, Macpherson publia les Fragments of Ancient Poetry Collected in the Highlands of Scotland and Translated from the Gaelic or Erse Language (1760). Quelques-uns de ces fragments seulement étaient véritablement adaptés des originaux. Fingal, an Ancient Epic Poem, publié en 1762, devait beaucoup plus aux sources gaéliques. Temora, publié en 1763, se fondait en partie sur une authentique ballade celte, mais l'utilisation du fonds original était très libre. La figure d'Ossian, auteur prétendu de ces poèmes, connut immédiatement un succès considérable : l'amour-propre écossais, sans se soucier de l'origine irlandaise de ces légendes, vit dans ces textes les fragments d'une antique épopée nationale. La sensibilité européenne, préparée par la découverte des vieux poèmes norvégiens et islandais, aspirait à un idéal d'héroïsme primitif et trouvait là une justification du sentiment national, une beauté grandiose et simple, voilée de brumes mystérieuses et frémissantes. La controverse s'engagea immédiatement sur l'authenticité gaélique de ces textes et de leur auteur supposé : Macpherson alla même jusqu'à publier en 1807 ses prétendus originaux gaéliques de ses propres poèmes. On découvrit par la suite qu'il ne s'agissait en réalité que d'une traduction en gaélique des textes de Macpherson, mais nombre d'écrivains s'y laissèrent tout d'abord prendre.

Il ne faut pas voir dans l'entreprise de Macpherson une simple supercherie. En fait, il n'a voulu sans doute que se faire l'interprète autorisé et de bonne foi de textes et de légendes dont le temps n'avait laissé subsister que la trame dramatique : il tenta de reconstruire aussi honnêtement, mais aussi complètement que possible, une image du temps et des sentiments disparus. Son enthousiasme impatient embellit et arrangea un passé mythique dont le besoin était ressenti par toute son époque : le motif central du poème n'est rien d'autre, aussi bien, que le regret des temps anciens, la tristesse morne du présent, le souvenir des grandes images glorieuses, héroïques et brutales. Le goût des brumes, des torrents furieux, des rocs énormes, d'une nature indomptée, primitive et nouvelle. Ce qu'on a pu appeler un « état d'âme celtique » est à porter tout entier au crédit de Macpherson, qui effectuait ainsi une contribution essentielle au romantisme européen.

— Olivier JUILLIARD[...]

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