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MASON JAMES (1909-1984)

Né dans le Yorkshire en 1909, James Mason découvre le théâtre à Cambridge où il fait de solides études. S'écartant très vite du style de théâtre qui faisait fureur dans le West End, il devient pensionnaire de l'Old Vic, et interprète Shakespeare et Pirandello aux côtés de Charles Laughton et d'Elsa Lanchester. Un des producteurs les plus importants de l'époque le remarque et lui propose un contrat. Désirant reproduire le système hollywoodien dans le cadre des studios anglais, Alexandre Korda le fait jouer dans des films à grand budget, aux côtés de vedettes féminines très populaires (Margaret Lockwood, Jean Kent et Phyllis Calvert). James Mason connaît ses premiers succès sous la bannière Rank, avec L'Homme fatal (1944) et surtout Le Masque aux yeux verts (1945). Il peaufine son personnage à la séduction doucereuse. Heureusement, James Mason aborde vite des rôles de composition moins codifiés, comme celui du révolutionnaire de Huit Heures de sursis (1947), de Carol Reed. Très applaudi dans les festivals, ce film dépasse les frontières européennes et, comme de nombreux acteurs anglais, Mason rejoint Hollywood en 1948, mais refuse d'être lié par contrat à un studio. Cette liberté lui permet de choisir de travailler avec des cinéastes indépendants tel Albert Lewin. C'est ainsi qu'il incarne le Hollandais volant dans Pandora (1951), film culte très en marge des productions de l'époque. Puis il tourne deux films avec Max Ophuls dont Les Désemparés (1949), où sa composition est assez étonnante. En fait, James Mason préfère une scène marquante dans une production ambitieuse à une succession de rôles stéréotypés. Il donne par exemple son accord à Vincente Minnelli pour incarner Gustave Flaubert dans le prologue et l'épilogue de Madame Bovary (1949).

Toujours guidé par un choix infaillible, James Mason va tourner dans les années 1950 deux de ses rôles les plus marquants : celui du valet dans L'Affaire Cicéron de Joseph Mankiewicz (1952), où il cultive cette ambiguïté britannique qui trouvera son summum dans les années 1960 avec les films que fit Joseph Losey en collaboration avec Pinter, et surtout celui de l'acteur alcoolique Norman Maine dans Une étoile est née de George Cukor (1954). Il y interprète un superbe has been et va beaucoup plus loin dans l'évocation de la déchéance que l'acteur Fredric March dans la première version du film.

Quelques films de moindre intérêt suivent. Puis, c'est la rencontre avec Hitchcock dans La Mort aux trousses (1959). Le tueur est tout sourire, d'une inquiétante douceur et donne pour ainsi dire ses lettres de noblesse à la perfidie. Malgré ces rencontres avec des metteurs en scène qui sont de vrais créateurs d'univers, James Mason semblait ne pas attacher une importance extrême au cinéma : il confie dans ses mémoires, Before I forget, qu'il trouva son rôle préféré dans Lolita (1962). Avec Kubrick, il fait en effet l'expérience de nouvelles méthodes de travail, plus proches de sa sensibilité ; de plus, il est ravi d'incarner à l'écran le Humbert Humbert de Nabokov.

Dans les années 1960, James Mason continue de jouer mais se trouve quelque peu victime du système. Dans les nombreuses superproductions où on le voit alors, ses compositions se limitent à des participations et la fin de sa carrière est souvent décevante, à quelques exceptions notables comme Lord Jim de Richard Brooks 1965) ou l'Autobiographie d'une princesse de James Ivory (1975). Pourtant, aucune de ses prestations ne laisse indifférent : il suffit d'écouter l'acteur moduler les mots les plus banals et leur donner une dimension inquiétante. Comme Ralph Richardson – voire Richard Burton – James Mason fut essentiellement une voix, une diction, le serviteur d'un art qu'il considéra avec suffisamment d'humour et de distance[...]

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